Comme un prélude aux lendemains qui déchantent, suite à l’accession au pouvoir de Javier Milei, le président d’ultradroite argentin élu en novembre, plusieurs milliers de manifestants se pressent autour du ministère du Travail et de l’Emploi en ce jeudi d’été austral à Buenos Aires. Pour protester contre le gel des salaires et des retraites, et réclamer une aide alimentaire pour les cantines et les aires de pique-nique dans tout le pays, ils déploient leurs banderoles : «La faim est un crime» ; «Ici, il n’y a pas de caste» ; «Le pays n’est pas à vendre». A quelques centaines de mètres des piqueteros en ébullition, les membres du collectif El Pampero Cine s’apprêtent à faire leurs valises pour l’Europe, invités d’honneur notamment du festival Regards Satellites, du 27 février au 11 mars à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Dans leur local lumineux et somptueusement décoré, Laura Citarella, Mariano Llinás et Agustín Mendilaharzu, trois des quatre initiateurs du groupe porteño (originaire de la capitale argentine) qui existe depuis le début du siècle, n’en restent pas moins ouverts au fracas alentour. On charrie sur l’adresse de leur boîte de prod, Peron 315. «Je n’ai jamais été péroniste et je vis très mal l’arrivée de Milei. On est en dehors de cette dichotomie péroniste-antipéroniste, nous autres sommes comme des naufragés. C’est une situation de merde. Selon ses croyances et qui est au pouvoir, cela va un peu mieux ou plus mal. Milei a réussi un truc qui semblait im