Réfugiée dans les montagnes non loin de Beyrouth, la famille Badri vit en rupture. Néoruraux, ils profitent de ce que leur offre la terre, d’un terrain qui délimite les frontières d’une vie passée au côté des siens, sans wifi ni écrans pour que l’extérieur s’invite parmi eux. C’est tout juste si parviennent jusqu’à eux les échos du raffut de la capitale libanaise où le fond de l’air est rouge, rendu irrespirable par une crise des déchets – bien réelle et à peine exagérée ici. Des collines d’ordures comme traduction concrète, charnue, de la déliquescence d’une société vampirisée par ses institutions malades et une corruption généralisée.
Protestation en maillot
Le mal s’immisce dans le petit paradis clôturé des Badri comme il le ferait dans un film d’horreur. Dans les vapeurs du petit matin, la plus jeune de la famille se retrouve pétrifiée devant l’apparition à flanc de montagne de monstres aux bras interminables et couverts de dents. Ils déchirent, retournent, éviscèrent la terre comme d’autres le font avec la chair. Dans les airs apparaît une statue de dictateur à cape tandis que déboule une cohorte de types en uniformes. Rien de surnaturel. Simplement le lancement express d’un centre modèle de traitement des déchets. Un projet ecofriendly cofinancé par la France, leur explique ensuite un jeune gars sympa. Une poubelle à ciel ouvert, en vérité, greenwashée comme il faut pour l’international.
Si l’entrée en matière du film de Mounia Akl semble l’inscrire dans la veine de ces innombrables œuvres myst