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Libération
Critique

«Covas de Barroso», à tout bout de chants

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Dans une reconstitution chorale, les habitants de ce village portugais rejouent la lutte contre un projet de construction de mine de lithium.
Dans le village, les habitants résistent par tous les moyens. (Meteore Films)
publié le 25 mars 2025 à 20h02

Le cheval Castanho s’échappe dans la colline au lieu de répondre aux appels, il renâcle, quelque chose le dérange. Cette fugue, qui ouvre le film, est le signe avant-coureur, animal, de la lutte qui fera bientôt rage. A Covas do Barroso, dans le Trás-os-Montes, dans le nord du Portugal, les habitants découvrent qu’un projet gigantesque menace leurs maisons et les montagnes où ils vivent depuis toujours. Une entreprise britannique dénommée Savannah, avec l’aval du gouvernement dans une zone pourtant protégée, réalise des prospections pour établir, sur des centaines d’hectares, ce qui est censé devenir la plus grande exploitation de mines de lithium à ciel ouvert d’Europe, une catastrophe écologique et humaine. Le western a commencé, les paysans de la contrée se lèvent contre les cow-boys en habits de sécurité. «On est peu, mais on est plus que des chiffres, on est des gens.»

Pour défendre leur territoire, les gens s’organisent, résistent par tous les moyens, d’information, juridiques, et par des actions directes de rassemblement, de désobéissance et de sabotage, retardant héroïquement le projet sans, à ce jour, avoir obtenu son abandon définitif. Le cinéaste Paulo Carneiro, rejoignant le mouvement dans un moment de creux, après l’épuisement des premiers recours, a proposé aux habitants de rejouer, sous la forme d’une reconstitution chorale, déterminée, picaresque, en pellicule et en chansons, l’histoire de leur lutte, pour se donner du cœur à la tâche, et en projeter l’