Cannes atteint son point d’ébullition. Chaleur impitoyable, badauds toujours plus lents. Sur la Croisette, on écrase le pied d’une naïade qui visiblement se croyait dans on ne sait quelle mangrove de conte de fées, se déplaçant dans un long ralenti affecté. On s’excuse, elle nous regarde comme si on lui avait offert un emballage de figues séchées. Manifestement, le soleil lui demande chaque matin la permission de se lever et elle aurait préféré qu’on s’allonge et se laisse mourir là, en signe d’expiation. On reprend notre chemin en espérant qu’elle ne fricote pas avec le mystique – sinon on ne finira pas la semaine.
Sorcellerie et traditions
Cristèle Alves Meira, réalisatrice du beau et intrigant Alma Viva, sélectionné à la Semaine de la critique, s’est elle aussi posé la question au moment de s’atteler à cette histoire de village portugais se déchirant sur fond de sorcellerie et traditions locales. Des sujets loin d’être anodins dans cette partie du pays, Trás-os-Montes, où ils font partie du quotidien mais restent aussi un tabou. Cristèle partait toutefois avec un atout de poids : elle connaît le village où a été tourné le film – c’est celui de sa mère et de sa grand-mère. Et l’endroit qui a donné à cette comédienne de formation, metteuse en scène de théâtre pendant une dizaine d’années, l’envie de se lancer dans le cinéma. «Mes acteurs sont