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Libération
Critique

«Crossing Istanbul» de Levan Akin, traversée du désert

A la fois prévisible et bizarrement monté, le film suit une Géorgienne à la recherche de sa nièce trans qui a fui en Turquie.
Dans un film d’antitourisme touristique, Lia (Mzia Arabuli) erre dans Istanbul. (Mubi)
publié le 4 décembre 2024 à 4h00

Il existe les films lents aux durées atypiques, qui s’inventent sous nos yeux (Jeanne Dielman passait à la télé la semaine dernière) et les films longs, compassés, type Crossing Istanbul. Les films chiants sublimes et les films habiles et ennuyeux. Cet académisme de bon aloi, dont on ne dira jamais assez de mal : les films très comme il faut. Qui font tout leur possible pour plaire sans faire de vagues.

Lia, une Géorgienne à la retraite, a juré à sa sœur avant sa mort de retrouver sa nièce partie sans laisser d’adresse en Turquie mener sa vie de personne trans, de répudiée. Avec Achi, jeune compagnon de voyage traducteur, elle erre dans Istanbul, arpente les quartiers chauds. Parallèlement, Evrim, avocate trans engagée, aux traits d’Anna Magnani et à la prestance de Divine sage – comme il faut elle aussi –, survit dans la ville hostile entre missions sociales et attente de l’amour.

Crossing Istanbul est un film d’antitourisme touristique, c’est-à-dire misérable. Levan Akin est une sorte d’Almodóvar naturaliste qui aurait remplacé les papiers peints dégueulant du décor par des murs crasseux du meilleur effet. Quand même, le directeur de la photographie arrose à grande eau pavés et trottoirs pour obtenir d’avantageux reflets lumineux à l’image, dans les scènes de nuit. On passe le temps. On visite. On cherche sans chercher. On parle mais on ne se dit rien. On s’informe. On s’ennuie ferme. Apitoyé et démesurément étiré, au montage incompréhensible (la rencontre entre Evrim et Lia, après plus d’une heure d’attente, est ellipsée !), le film a la gravité forcée du message humain qu’il s’est donné pour mission de transmettre : la transphobie, c’est mal.

Crossing Istanbul de Levan Akin, avec Mzia Arabuli, Deniz Dumanli… 1h46.