Le cœur d’une œuvre, c’est souvent sa périphérie et avec Daniel on n’a pas fini de tourner autour, tant ce beau film étrange, malade dirait-on, se fragmente, se dédouble, en cache un autre plus intime. Deux trames en lui semblent se battre avant de se rejoindre pour finalement se confondre, et à partir de là, il trouve sa propre musique, son centre nerveux, sa langue secrète. Cette complexité au fondement de toute identité (appelons cela un héritage) dont on ne peut s’affranchir qu’en lui faisant face, c’est précisément le sujet de Daniel (1983), 31e film de Sidney Lumet, qui abordera également le thème de la filiation douloureuse que les aînés lèguent à leur progéniture dans le magnifique A bout de course (1988) avec River Phoenix, sorte de film jumeau, notamment par l’attention portée à une certaine marge contestataire : des militants opposés à la guerre du Vietnam traqués par le FBI pour acte terroriste dans A bout de course ; dans Daniel, un couple de sympathisants communistes d’origine juive, accusé d’espionnage pour le compte de l’URSS et qui sera exécuté sur la chaise électrique.
Fragilité psychique
Bien que les époux soupçonnés d’intelligence avec l’ennemi soviétique en pleine guerre froide se nomment dans