Aux âmes incrédules il reste un territoire susceptible d’accueillir un miracle, appelons cela le cinéma. Il y est question de croyance (en la fiction), souvent de passion (cinéphile) et parfois de résurrection. Des films arrachés à l’oubli, à l’érosion du temps, au cimetière des images. Bona, perle du Philippin Lino Brocka, demeurée invisible depuis sa sortie en 1980, est de ces miraculés. Rendu à la lumière grâce aux efforts conjugués de Kani Releasing, de l’éditeur Carlotta Films et du regretté Pierre Rissient, grand passeur des cinémas asiatiques, qui avait déposé les négatifs, le film sort enfin sur les écrans dans une belle restauration 4K. Un miracle peu surprenant au fond.
L’œuvre fiévreuse du prolifique cinéaste philippin, décédé prématurément en 1991, étant dans son immense majorité encore inaccessible – sur une soixantaine de films enchaînés à une vitesse folle, une petite dizaine seulement nous est parvenue au compte-goutte. Insiang, Manille, Bayan ko ou récemment Caïn et Abel. Autant de splendeurs dont la force dérangeante fut d’avoir allié cinéma populaire et esprit de fronde, conjuguant la puissance émotionnelle d’un genre, le mélodrame social, à une subreptice contestation politique (avec en