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Répression

Dans «Deux Procureurs», le monde à l’enfer de l’Ukrainien Sergeï Loznitsa

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Un inspecteur de prisons idéaliste découvre son métier alors que l’URSS de 1937 connaît une vague d’arrestations et de procès arbitraires sans précédent. En décrivant un système qui s’auto-dévore, le cinéaste vise sans détour la Russie actuelle.

Le jeune Kornev, fraîchement diplômé, est propulsé au poste d’inspecteur des prisons. (Pyramide films)
ParDidier Péron
Rédacteur en chef adjoint - Culture
Publié aujourd'hui à 16h21

Dans la nouvelle Deux Procureurs (1) que Sergeï Loznitsa a choisi de porter à l’écran, la figure du grand inquisiteur des purges staliniennes des années 30, Andreï Vychinski, est dépeint par l’auteur, Gueorgui Demidov (dix-huit ans de goulag, ses œuvres confisquées par le KGB en 1980, sept ans avant sa mort) comme le théoricien de la terreur grâce au «rejet des dogmes humanitaires obsolètes» tels que la fameuse «présomption de non-culpabilité» entre autres «préjugés intello-bourgeois». Le personnage principal du récit et du film, fictif lui, le jeune Kornev, fraîchement diplômé et propulsé au poste d’inspecteur des prisons, doit s’inventer un début de carrière dans ce contexte miné.

Paré de vertus révolutionnaires

Une lettre écrite par un certain Stepniak sur un bout de carton avec du sang alerte cet idéaliste qui a fini par se convaincre que le pays est miné de l’intérieur par des éléments «fascistes» y compris au sein du NKVD, démolissant sournoisement l’élan bolchevique en direction d’une société enfin égalitaire. Surmontant les réticences de la direction de la prison centrale de Briansk, Kornev finit par rencontrer Stepniak, cadre communiste des premières heures et qui lui