«Si le Japonais avait eu la chance d’être blanc, il aurait ressemblé à Alain Delon», déclarait Alain Delon au journal télévisé de France 2 en avril 1996. L’aura de Delon en Asie aura fait se pâmer les fans là-bas, inspiré une marque de cigarettes, mais a-t-elle nourri des cinéastes ? Bloc de charisme marmoréen mutique, le «samouraï» y est à la fois une exception française et un produit asiatique livré clé en main. Populaire au Japon dès les années 60, la star est comparée pour son jeu à des acteurs de kabuki – l’une des formes du théâtre traditionnel nippon. «Un peu loser» aussi, déclarait Yoshi Yatabe, ex-programmateur au Festival international du film de Tokyo, parce que «ce côté sombre a vraiment plu aux spectateurs japonais, qui préfèrent encourager les perdants» (l’interprète du Battant aurait apprécié). Mais pas touche à Delon dieu vivant.
Dans le western franco-italo-espagnol Soleil rouge (1971), c’est donc presque un honneur pour Toshiro Mifune, l’icône du cinéma japonais, d’être abattu (à la déloyale, il faut dire) par Delon en personne. Non, l’hommage le plus ambivalent à l’acteur dans la production culturelle japonaise reste