Une heure vingt de route étroite et tortueuse depuis Alès, des passages à 800 mètres d’altitude sans parapet, le précipice à gauche, les sapins à droite, les roches qui gouttent du nez et le brouillard piégé dans les cuvettes des montagnes. Après des kilomètres à 23 km/h, quelques manœuvres en marche arrière à flanc de ravin pour laisser passer les riverains, après la D9 et la D28, voici donc Saint-Martin-de-Lansuscle, en plein cœur du parc national des Cévennes, sublime village lozérien de 193 habitants, parmi les trois communes les plus isolées de France. Ambiance Contes de Grimm. Gare la plus proche ? 1 h 15. Autoroute à deux heures. Supermarché à trente minutes. En revanche, ici, vous pouvez aller au cinéma.

Au cinéma ? Si, là-bas, regardez. Vincent Kopf pointe du doigt un petit point de l’autre côté du ravin, au sommet d’une crête : «Vous voyez le temple protestant ?» Il a servi d’école pendant les travaux, parfois de scène de concerts punks et se transforme régulièrement en salle de projection. Le «Temple», qui surplombe la vallée, est l’un des plus petits «points de tournée» de Cinéco, circuit de cinéma itinérant né en 1983, et qui alimente toutes les semaines un réseau d’une petite centaine de communes partenaires en films de choix : la programmation est composée à 75 % d’œuvres labellisées «art et essai» mais comprend aussi les principaux succès populaires. Elle s’installe autant dans des salles municipales que dans les cafés ou églises des plus