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Biopic

Dans «Nouvelle Vague», Richard Linklater rejoue la légende du jeune Godard

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Puisant charme et légèreté dans son casting de jeunes inconnus, le long métrage de l’Américain relève un pari ludique et atteste de son admiration pour le réalisateur d’«A bout de souffle».

Guillaume Marbeck, Zoey Deutch et Aubry Dullin en Jean-Luc Godard, Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo dans «Nouvelle Vague». (Jean-Louis Fernandez/Arp)
Publié le 07/10/2025 à 16h18

Les chefs-d’œuvre sont comme tout le monde : ils vieillissent. Enseveli sous des décennies de célébration internationale tous azimuts, A bout de souffle, entrée en cinéma fracassante du jeune Jean-Luc Godard, pas tout à fait 30 ans lorsqu’il tourne le film, avait peut-être besoin que quelqu’un souffle, justement, sur la poussière accumulée.

En avait-il besoin ? On pourrait arguer qu’il y aurait plus urgent à filmer en 2025 qu’une bande de jeunes mecs un peu misogynes (comme leur époque) qui, orgueilleux comme pas deux, réussissent avec brio leur hold-up sur le cinéma de papa en donnant des leçons (méritées) à tout le monde. Arguer aussi qu’il y avait là une sorte de film impossible à réussir, entre écueil de la carte postale pop – le film ne se prive pas de reprendre certains codes vintage, format 4/3, noir et blanc granuleux –, de la reconstitution pittoresque pour touristes nostalgiques du Quartier latin ou du biopic hagiographique sur le génie en devenir.

Décontraction et optimisme

L’entreprise, en tout cas, excitait la curiosité autant qu’elle faisait peur. Et pourtant, l’Américain Richard Linklater s’est lancé, sans parler un mot de français, mais avec une érudition qui impressionne et plaide pour une profonde et ancienne passion de ce moment cinéphilique, critique et esthétique de la fin des années 50 où, comme nous l’apprendra un carton, plus de 150 jeunes cinéastes ont pu réaliser leur premier film en surfant sur cette fameuse Nouvelle Vague. Chaque personnage de cette épopée parisienne