Ce n’est pas la première fois que Sophie Marceau prend position face à Gérard Depardieu mais elle le fait cette fois en pleine polémique nationale autour de l’acteur et de ses dérives avec les femmes. Dans les colonnes de Paris Match, l’actrice de 57 ans rappelle jeudi 28 décembre sa piètre opinion du «monstre sacré» qui remonte à son expérience désastreuse lors du tournage de Police, une des nombreuses collaborations de Depardieu avec le réalisateur Maurice Pialat, en 1985. «J’ai dit publiquement à l’époque que je ne supportais pas son attitude, grossière et très déplacée. Beaucoup de gens se sont alors retournés contre moi en me faisant passer pour la petite peste. Et j’ai toujours refusé ensuite les films avec lui», se souvient celle qui avait alors 19 ans.
Dans les pages du Monde, Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld ont raconté en juillet le calvaire que fût ce tournage. L’acteur, s’il est actif et joyeux selon le producteur du film, a aussi un comportement déplacé avec les femmes. Il «fait pouet pouet» sur les seins ou fesses de celles qu’il salue. Dans une scène de gifle, il frappe réellement sa partenaire de scène à plusieurs reprises… «Il n’a jamais osé me toucher devant l’équipe, sinon il aurait reçu mon poing dans la gueule. Mais avec les pauvres habilleuses…», disait alors Sophie Marceau.
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S’en prendre à Gérard Depardieu aujourd’hui serait «trop facile» avec «tout l’acharnement qu’il connaît», atténue Marceau. Celle qui ne veut «pas lui tendre la perche ni l’enterrer» reste ferme : «Que tu sois Gérard Depardieu ou Maurice Pialat, tu ne traites pas les gens comme ça, point barre.» Avec le recul, elle analyse que «la vulgarité et la provocation ont toujours été son fonds de commerce. Aujourd’hui, on l’accuse de ce pour quoi on l’a encensé».
Surtout, Sophie Marceau insiste après la publication d’une tribune de soutien à Depardieu par des dizaines de personnalités du cinéma, dont Carole Bouquet ou Nathalie Baye, entre autres : ce n’est pas aux actrices déjà célèbres «qu’il s’en prenait» mais «plutôt aux petites assistantes».
«Culture du viol»
Le «camp Depardieu» continue de s’organiser dans le sillage de la défense offerte par le chef de l’Etat, mercredi dernier lors de l’émission de C à vous. Après la prise de parole de la famille de l’acteur, qui expliquait que le documentaire diffusé dans Complément d’enquête avait été bidonné, l’acteur a donc été défendu par une soixantaine d’artistes dans une tribune publiée dans les pages du Figaro.
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Ce qui suscite aussi une réaction en chaîne du côté des organisations ou des personnalités engagées contre les violences sexistes et sexuelles. Comme Laurent Boyet, président de l’association de protection de l’enfance les Papillons, qui a expliqué dans Libération pourquoi Pierre Richard, signataire de la tribune de soutien, ne pouvait plus être l’un de ses ambassadeurs. Ou le mouvement MeTooMedia qui a publié un texte dans le Monde pour dénoncer les propos d’Emmanuel Macron qui «valide la culture du viol au plus haut sommet de l’Etat».
Mardi, Isabelle Carré a pris la plume dans le magazine Elle. Sans jamais le nommer, l’actrice et autrice prend position dans l’affaire Depardieu, dénonçant le fait qu’il ait fallu «attendre cinquante ans pour signifier à un acteur que son comportement avec les assistantes, les habilleuses, ses partenaires n’est pas acceptable, même sous prétexte de gauloiseries». La comédienne de 52 ans partage par ailleurs sa propre expérience de victime d’agressions sexuelles, dont la première alors qu’elle n’avait que 11 ans. «Un homme m’a arrêtée dans la rue, pour un renseignement, pensais-je. A ma grande surprise, il s’agissait de toucher et commenter ma poitrine naissante : Ça pousse, hein fillette, ça pousse ! Sidérée, je n’ai pas bougé, alors il a continué…».