Menu
Libération
Tragicomédie

«Deux Sœurs» de Mike Leigh : de l’ire aux larmes

Article réservé aux abonnés
A travers le portrait d’une femme aussi orageuse que sa sœur est épanouie, le Britannique revient à un cinéma intime, penché sur la solitude des êtres et les vérités difficiles.
Le tour de force de «Deux Sœurs» est de finir par nous attacher à un personnage abrasif. (Diaphana)
publié le 1er avril 2025 à 16h23

Dieu que Pansy est irritante ! On dirait du papier de verre qui va et vient. Elle s’exaspère de son grand fils qui ne fout rien, des vêtements de bébé qui ont des poches, des volontaires qui tractent au supermarché. Elle n’arrête pas de balancer de grands jets de colère à la face du monde – avec, il faut le dire, une certaine verve. Derrière chaque façade anonyme, chaque maisonnette londonienne, peuvent se cacher un gouffre de mal-être, une tragédie quotidienne. Voilà la leçon de Deux Sœurs, dont le titre original, Hard Truths, colle mieux au propos : les vérités difficiles, c’est la matière du film, sans concession feel good.

Paroxysme feutré

Mike Leigh, qui s’était intéressé, avec Peterloo, à un volet sanglant de l’histoire britannique, revient ici à un cinéma intime, celui de sa palme d’or Secrets et Mensonges, perché sur un fil ténu entre cruauté et profonde empathie. On le qualifiera même de généreux, malgré la maestria dont il use pour déployer l’antipathie de son personnage. Car qui regarde aujourd’hui avec autant d’attention, autant de richesse de détails, des existences qu’un premier coup d’œil jugerait ordinaires ? Si Hard Truths laisse une impression tenace, c’est qu’il est au contraire extraordinaire dans sa manière de nous attirer au cœur d’abruptes situations dont la somme ne dessine rien moins que la vie même. La textu