Un film malgache est une chose rare, la production cinématographique à Madagascar étant presque inexistante. C’est de ce manque lui-même que Disco Afrika semble naître. Par où commencer là où il y a tant à raconter, où le présent ni le passé n’ont été filmés à leur mesure ? Si c’est la question de tous les premiers films, elle s’est donc posée de façon urgente à Luck Razanajaona pour ce premier long de fiction après plusieurs documentaires (né en 1985, il s’est formé à Marrakech avant de revenir dans son pays pour y être cinéaste).
Dans Disco Afrika, c’est Kwame, un tout jeune adulte joué par Parista Sambo, qui rentre de la capitale à sa ville natale de Tamatave, pour y enterrer son ami, tué à côté de lui en cherchant clandestinement des saphirs. Ce retour sera l’occasion pour Kwame, comme pour le film, d’explorer les différentes dimensions de la vie : le passé réprimé, en cherchant l’histoire de son père, un militant et musicien tué dans une émeute, et l’endroit où il est enterré anonymement ; le présent corrompu, en aidant des syndicalistes à stopper un trafic de bois de rose tenu par son ami d’enfance ; et le futur douteux, en apprenant à exister par lui-même.
Si Kwame est le véhicule de la fiction et de ses enquêtes, l’intermédiaire du réalisateur de façon transparente, il semble représenter aussi son pays et toute sa jeunesse. C’est une charge un peu lourde mais pas une mauvaise ruse du film pour arriver à ses fins modestes et ambitieuses : celles de la fi