C’était bien avant les téléphones portables et la simplicité du filmage par chacun de tout événement, catastrophe, incident, imprévu. Et cependant, le siège de Sarajevo, d’avril 1992 à février 1996, a été abondamment filmé. Notamment par de très jeunes gens, parfois 16 ans, au moment même où ils vivaient la guerre, qui les avait souvent surpris sans qu’ils ne saisissent comment et pourquoi la société multiculturelle dans laquelle ils grandissaient explosait subitement. Ce sont des images précaires et tremblantes, aux antipodes des reportages télévisuels qui ont couvert le conflit meurtrier. Et ce sont des scènes cousues ensemble délibérément sans explications ni pédagogie. Ces images, filmées par Nedim Alikadic, Smail Kapetanovic, Dino Mustafic, Nebojsa Seric-Shoba et Srdjan Vuletic constituent la première partie de Se souvenir d’une ville, le cinquième documentaire de Jean-Gabriel Périot après notamment Une jeunesse allemande et Retour à Reims (fragments) – à chaque fois multiprimé voire césarisé.
Ces images témoignent toutes de l’état d’esprit des différents jeunes hommes, persuadés que le siège ne pouvait pas du