Le FID est le festival qui donne l’impression d’être à Marseille comme au centre du monde, à l’endroit où il faut être. S’y rencontrent en pagaille des films fabriqués hors des cadres de production classique, voués à la recherche d’écritures et de langages libres comme l’air. Tout un programme vaillant qui fait salles combles et remet les pendules à l’heure – au moment où, pour les sorties cinéma de la «vie courante», le public joue à cache-cache, et le secteur pousse des couacs de coucou détraqué. Pour la première fois depuis vingt ans, l’événement ne fut pas supervisé par son directeur et fondateur depuis 2001 Jean-Pierre Rehm. Mais programmé et dirigé de manière collégiale par un comité de sélection resté sans capitaine, malgré l’appel à projet lancé pour occuper son siège. Une année test pour un mode de gestion inhabituel, qu’il suffisait de bien vouloir envisager selon Tsveta Dobreva, membre du comité de direction. «Pourquoi parler d’utopie ? Cela montre qu’on s’est habitués à reproduire des modèles, sans interroger si ça pouvait marcher autrement». On le savait déjà, il faut un village pour faire un festival. Et des films héroïques pour que des mondes y surgissent.
Héroïque, on ne saurait comment qualifier autrement le documentaire de Franssou Prenant, De la conquête, entreprise de mémoire inestimable dont il