«Ça va être une histoire de terreur. Ça va être une histoire policière, un récit de série noire, et d’effroi. Mais ça n’en aura pas l’air parce que c’est moi qui raconterai. C’est moi qui parlerai et, à cause de cela, ça n’en aura pas l’air. Mais au fond, c’est l’histoire d’un crime atroce.» La citation d’Amuleto de Roberto Bolaño qui ouvre Dos madres nous invite dès l’abord dans un monde oblique et familier, place sous les auspices de l’écrivain chilien exilé au Mexique puis en Espagne, étoile distante qui continue de guider et de perdre les générations sous les ciels sombres. Dans son titre espagnol d’origine, le film ne s’appelle pas «Deux mères», mais Sobre todo de noche. Surtout la nuit. Titre évident, mystérieux, au référentiel immédiat et fuyant. Parce qu’on sait et on ne sait pas, ce qui a lieu surtout la nuit. Si Dos madres, rien n’est moins sûr, est bien l’histoire d’un crime atroce, c’est pire que ce qu’on imagine. La première partie nous l’expose, formée par la lettre de Vera (Lola Dueñas) à Egoz (Manuel Egozkue). Vera cherche, a cherché Egoz, partout, jusqu’à penser qu’elle l’avait imaginé, comme on aimerait le lui faire croire : son enfant, laissé pour adoption à sa naissance il y a vingt ans, mais dont toute trace administrative a disparu, introuvable, inexistant.
Dans la deuxième partie, celle d’Egoz et de Cora, sa mère, l’autre (Ana Torrent, parce que toutes les mères dans ce film, dans la vie, sont des stars), on apprendra