Peu d’œuvres suivent à ce point le mot d’ordre souvent cité de Bertolt Brecht rapporté par Walter Benjamin : ne pas partir des bonnes vieilles choses, mais des mauvaises choses nouvelles. On veut dire au point de l’œuvre du cinéaste roumain Radu Jude, prolixe en ce moment. Son autre long métrage récent, Kontinental ‘25 (dont le synopsis tient en deux mots latins dans la bouche pourrie de l’Europe : mea culpa), vient à peine de sortir en salles que ce Dracula y fait irruption de ses 2h50 déchaînées. Puiser dans le réservoir exponentiel des mauvaises choses nouvelles (définir «choses» : images, situations, événements, TikToks, sous le capitalisme numérique mondial) donne à Radu Jude une grande puissance de génération de nouvelles choses audiovisuelles. Si possible mauvaises, par réalisme, à la hauteur de leur époque.
C’est le mot d’ordre de l’avant-garde, à la fois esthétique et politique, mais surtout