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Libération
Critique

«En bonne compagnie» de Silvia Munt, ne nous l’ibère pas, on s’en charge

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Dans un film un peu conventionnel mais à la mise en scène bien tenue, Silvia Munt s’attarde sur l’engagement féministe et les amours d’une ado ombrageuse dans l’Espagne de la fin des années 70.
Béa, ado ombrageuse de 16 ans, féministe militante, tombe amoureuse d’une jeune fille de bonne famille chez qui sa mère est employée. (Damned Distribution)
publié le 18 octobre 2023 à 5h58

«Lesbian Interest». La classification qui étiquetait des œuvres marginales, rares et inégales, en catalogue de fictions où des femmes s’aimaient (difficilement presque toujours) – cette ghéttoïsation existe encore mais passe, est presque du passé. Parce que beaucoup des films répondant au critère sortent en salles dorénavant, circuit mainstream, à force de luttes insistantes qui ont mis le temps, à présent recevables par un public classique, comprendre : hétéro – ça a dû commencer à vraiment frémir à partir de Mullholland Drive. En bonne compagnie est le résultat convaincant et paradoxal de cette histoire-là. Paradoxal puisque son récit se situe des années avant, dans un temps où réaliser un tel film aurait été impossible, précisément.

Décrochages «ambient»

C’est l’été 1977, en Espagne. Franco est enfin mort et la transition s’amorce lentement vers une monarchie constitutionnelle et un tournant nouveau démocratique. Béa, ado ombrageuse de 16 ans, féministe militante en pleine affaire du procès des «11 de Basauri» (un homme et dix femmes accusées d’avoir avorté ou soutenu le droit à l’avortement), tombe amoureuse d’une jeune fille de bonne famille chez qui sa mère est employée. Le film de Silvia Munt, cinéaste et actrice de 66 ans n’en étant pas à son coup d’essai, presque inconnue ici, s’attache à mener de front ces deux lignes d