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Libération
Reportage

En Vendée, le film du Puy du Fou reçoit un accueil royal

Aux Herbiers, à une dizaine de kilomètres du parc à thème, les avant-premières de «Vaincre ou Mourir» s’enchaînent devant une communauté de bénévoles conquis, qui adhèrent totalement à la vision d’un peuple vendéen martyr défendue par les Villiers.
Les personnages ont été réduits au rôle d’affichette à pouvoir symbolique. (Tamalet Christine)
publié le 24 janvier 2023 à 8h55

En terrain conquis dans son fief vendéen. Mercredi dernier aux Herbiers, Vaincre ou Mourir faisait une nouvelle fois salle comble. Un rab d’avant-première pour le premier long-métrage du Puy du Fou Films, «dédié aux Vendéens», et qui sort partout en France ce mercredi. Déjà projeté le 8 décembre dans l’intégralité des cinq salles du cinéma associatif de la ville, Le Grand Lux, le film avait alors réuni plus d’un millier de spectateurs. A une dizaine de kilomètres du parc à thème, c’est dans cette commune de 16 000 habitants que réside son très droitier fondateur, Philippe de Villiers. Pour Rodolphe Merlet, directeur du multiplexe, «la question de programmer le film ne s’est même pas posée : c’était une évidence».

Parmi la foule de quelques centaines de personnes qui se pressent ce jour-là à côté du stand de pop-corn, beaucoup sont venus en famille. Ils sont entre «Puyfolais», comme on surnomme ici les figurants de la Cinéscénie, le plus ancien spectacle du Puy du Fou, qui s’appuie toujours sur plus de 4 000 bénévoles pour exister. Une microsociété. Wilfried, la quarantaine, venu avec ses parents, Marc et Lydie, trépigne d’assister à la projection. Bénévole au parc depuis sept ans, c’est tout naturellement que la famille a participé au tournage en octobre 2021 puis en mars 2022 et va à présent d’avant-première en avant-première.

«Vu de l’extérieur, on est assez incompris»

Ce mercredi, c’est la troisième fois qu’ils voient le film, avant même sa sortie officielle. Si le père, avec sa longue et épaisse barbe blanche, a joué brièvement un petit rôle de paysan («J’ai le look», sourit-il), le fils a enchaîné les personnages de figuration, «six au total», tantôt «vendéen, bleu [républicain, ndlr] ou bourgeois nantais». Une aventure qu’ils ont appréciée, même s’ils n’étaient étonnamment pas rémunérés. «C’est vrai que vu de l’extérieur, on est assez incompris», complète Christelle, également puyfolaise et fan des premières heures, venue avec son fils, Loan, 12 ans.

A la fin de la séance et après une salve d’applaudissements, Nicolas de Villiers, producteur délégué du film et fils de Philippe de Villiers, tente d’expliquer cette formule gagnante à l’assistance : «Quasiment l’intégralité des scènes ont été filmées au Puy du Fou en l’espace de dix-huit jours, un temps extrêmement court.» Pour cela, le parc a mis à disposition ses décors, ses infrastructures, ses costumes, et même ses bénévoles, qui constituent également ce jour-là le public. Pratique.

Quant au choix du héros, le royaliste François Athanase Charette de La Contrie, érigé en martyr et en incarnation du peuple vendéen, il a coulé de source. «Alors que nous nous lançons dans le cinéma, nous devions nous pencher sur un sujet que l’on connaissait bien, c’était un choix prudent», poursuit Nicolas de Villiers, comme pour désamorcer toute polémique politique. Et un «choix de cœur», complète en aparté le producteur exécutif du film, Guillaume Allaire, également présent ce mercredi. «En Vendée et dans le Grand Ouest, les gens se reconnaissent en Charette !»

«C’est vrai que l’on n’a pas trop l’esprit critique»

A la sortie du cinéma, ce n’est pas Brigitte et Lydia qui contrediraient l’équipe du Puy du Fou. «C’est vrai que l’on n’a pas trop l’esprit critique, admettent-elles. Ici, tout le monde connaît l’histoire de Charette par cœur.» Tout le monde, sauf peut-être l’acteur principal, Hugo Becker, qui avoue devant un public affable qu’il ne savait rien ni de Charette ni de la guerre de Vendée avant de se plonger dans l’aventure. Ce jour-là, il tient tout particulièrement à remercier les Puyfolais et leur accueil.

De leur côté, Brigitte et Lydia ne tarissent pas d’éloges sur le rendu final, pas rancunières d’avoir dû courir en sabots, fourche à la main, pour finir floutées au montage. Elles répondent présentes à la mission confiée par Nicolas de Villiers en fin de la séance : «Soyez des ambassadeurs du film. Pour notre cœur de Vendéen.» L’identité vendéenne encore et toujours, du moins celle de martyr véhiculée par le film. «C’est vrai qu’il y a eu tellement de morts pendant la guerre de Vendée, reprend Lydia, devenue grave. C’est sans doute pour cela qu’on est resté hypersolidaires.»