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Rencontre

Euzhan Palcy, forte de France

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Révélée avec «Rue Cases-Nègres» en 1983, première femme noire à la tête d’une superproduction pour Hollywood, la cinéaste martiniquaise de 65 ans n’a cessé de filmer les luttes des peuples noirs, entourée de Truffaut comme de Brando. Rencontre, à l’occasion d’une rétrospective inédite au centre Pompidou.
Euzhan Palcy sur le tournage de «Une saison blanche et sèche» (1989). (Photo12)
publié le 7 novembre 2023 à 18h45

L’étiquette de «pionnière» peut être lourde à porter, si on la laisse malencontreusement éclipser l’œuvre. Sur la scène des oscars en 2022, où elle était honorée en icône par l’actrice Viola Davis pour l’ensemble de sa carrière, Euzhan Palcy semblait presque passer un savon à l’auditoire, déclarant avec force et en détachant chaque syllabe – l’accent créole toujours vivace : «I am a filmmaker.» Je suis une cinéaste. Capiche ? C’est avec cette même autorité qu’on l’imagine, jeune fille, en train «d’engueuler le bon Dieu» pour qu’il exauce son rêve de réaliser un jour un film. Ainsi le raconte-t-elle aujourd’hui, à 65 ans, dans un café du XVIIe arrondissement de Paris où Libération l’a rencontrée.

En quarante ans d’activité et une douzaine de films, qu’une rétro réunit pour la première fois en France au centre Pompidou, la Martiniquaise Euzhan Palcy n’a cessé de rendre droit aux destins des peuples noirs, de la Caraïbe à l’Afrique, usant des armes de la fiction comme du documentaire. Devancière d’une trajectoire qu’on pourrait rapprocher aujourd’hui d’une Ava DuVernay. Il y aurait lieu de penser qu’un profil comme le sien, aussitôt kidnappé par Hollywood, projectile dans le plafond de verre des représentations