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Libération
Adolescence

«Excursion» d’Una Gunjak, n’importe coi

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Inspirée par un fait divers, la Bosnienne Una Gunjak imagine une ado solitaire qui s’invente une grossesse. Un premier film timoré.
L’héroïne s’enfonce dans les mécanismes de son mensonge. ( JHR films)
publié le 12 juin 2024 à 4h51

En décembre 2014, à quelques jours de Noël, de retour d’une excursion, sept jeunes filles de 13 et 14 ans d’une classe de Banja Luka en Bosnie-Herzégovine se sont retrouvées enceintes. L’affaire, dans un pays tiraillé entre valeurs patriarcales ultra-conservatrices et possible dérèglement de la libération des mœurs, avait passionné une société bosnienne prompte à juger sa jeunesse forcément dissolue. C’est ce fait divers dont Excursion bruit, qui fait parler dès l’ouverture dans la classe d’un collège de Sarajevo filles et garçons en instance eux aussi d’un voyage scolaire, peut-être à Venise.

Au lieu de faire de son premier film l’illustration d’un fait divers (comme 17 filles des sœurs Coulin), en en reprenant malgré tout l’aspect marial équivoque – qui a engrossé les petites ? –, Una Gunjak choisit d’adopter le point de vue d’une jeune fille solitaire, dont elle fait son héroïne, mythomane malgré elle. Iman est un moineau blond, diaphane et timide, qui lors d’une séance du jeu Action ou vérité décide de prendre ses désirs pour la réalité, fait un gros mensonge : oui, elle a déjà couché, oui, avec Damir, ce garçon plus âgé. Plus tard, elle vomit dans la cour d’école. Ses camarades la croient enceinte. Elle ne dément pas, dit qu’elle compte avorter. Le film suit ainsi l’engrenage fatal les deux mécanismes imbriqués de la rumeur et du menson