F. J. Ossang palabre comme il filme ; à moins que ce ne soit l’inverse. A toute blinde. Dans un bar du XXe arrondissement parisien, il esquisse des débuts de réponse, puis digresse, bifurque vers des routes parallèles sans jamais revenir à l’interrogation initiale. Surtout, on ne saurait dire si son cerveau-turbo va trop vite pour son débit verbal ou s’il a développé avec le temps des mécanismes de défense pour se prémunir contre les journalistes. Depuis 1982, l’ancien haut-parleur des Messageros Killers Boys, Fraction Provisoire, groupe bruitiste né à Toulouse, fait des films comme on fomente un braquage à l’arrache. Impavide, lié à des complicités indéfectibles, malgré les vents contraires. Peu au bout du compte. Dix en quatre décennies, cinq courts et autant de longs. Cette semaine ressortent en salles ses trois premiers longs métrages, brûlots chimériques jetés à la face du monde : l’Affaire des divisions Morituri (1985) ; le Trésor des îles Chiennes (1991) et Docteur Chance (1998). «J’ai eu de la chance. Je suis un peu rentré par effraction dans le cinéma. On a fait Morituri avec 300 000 balles [45 000 euros], tourné comme des malades, jour et nuit. Tous mes films sont faits à ce rythme inhumain, sauvés par l’énergie. On faisait avec peu, c’était ressenti comme non-cinéphile. On me reproche de ne pas avoir tourné plus, ça s’est fait comme ça. Une rétrospective Ossang, c’est six programmes. Il y a plein de cinéas
Rencontre
F. J. Ossang : «J’ai pas mal tourné avec des fumées de pneu»
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«Docteur Chance» (1998) avec Joe Strummer et Marisa Paredes. (Solaris Distribution)
par Rico Rizzitelli
publié le 25 août 2022 à 17h08
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