Entre Berlusconi et le cinéma, il y a d’abord, Italie catholique oblige, un péché originel et le mystère de l’incarnation. Le crime du Cavaliere fut d’avoir été fossoyeur de l’industrie en Italie, au moins à deux reprises. En 1986, ses chaînes TV (Canale 5, Italia 1, Rete 4) gâtent le public en films nombreux et récents, provoquant une fronde de cinéastes, dont Sergio Leone et Federico Fellini, qui l’accusent d’alimenter la désertion des salles et surtout – sacrilège – de les dénaturer avec des coupures publicitaires quand ils passent sur le petit écran. Contre ce tronçonnage de ses œuvres, Fellini portera plainte, en vain, mais s’appliquera à critiquer Berlusconi, sans jamais le nommer, et la vulgarité du climat culturel d’alors dans Ginger et Fred (1987) : un duo de danseurs de claquettes (Giulietta Masina et Marcello Mastroianni), vestiges des années 40, remontent sur scène pour une émission TV et font des pieds et des mains pour garder une dignité dans le marasme cathodique.
Disparition
Coq en toc
Dans le film de Fellini, on entend bien parler d’un «Cavaliere Fulvio Lombardoni» mais il faut attendre que l’intéressé soit au pouvoir, aux affaires et pris par dans les affaires judiciaires pour que le cinéma nomme la bête. En 2010, année où son gouvernement sonne l’arrêt des crédits d’impôts qui sont une manne pour la production du 7e art transalpin, le documentaire Dra