Moralité : tout jeune haineux néofasciste veut tuer le père, au fond (scoop). Et le tuera. Oui mais à la seule condition : que ce soit sur ses ordres. «Tu sais ce qu’il te reste à faire», susurre le père au fils, qui le plante avec sa permission. Salve Duce, salut papa. Notre héros œdipo-identitaire se voit dans la seconde gratifié du regard admiratif de sa petite amie toujours amoureuse (on s’interroge, elle n’a pourtant pas l’air con). Regard enchaîné à celui de la mère – parallèle maman-copine, attention –, dont les yeux de chien battu s’éclairent in extremis d’une lueur de reconnaissance : mon fils a tué l’homme qui me terrorisait, me tabassait et détruisait ma vie – mais me faisait jouir comme personne (pire séquence de cul du siècle). En fond sonore, on entend des chants d’anges.
Familia épargnera peu, durant deux heures. Fort de son histoire «tirée de faits réels» (revoyez Que la bête meure ou De bruit et de fureur, plutôt), il se paie de dolorisme et d’une ignoble délectation, sûr de son fait, de faire œuvre d’utilité publique. Son féminisme est affiché façon pin’s «viva la mamma» : les violences conjugales engendrent des enfants violents, qui reportent leur haine du père, ou de la mère, sur l’allégeance fasciste et la famille entre mecs. Gros chantage au (sur)vécu. Jusqu’au bout, si l’on y arrive, c’est festival. Le dernier quart d’heure est un chef-d’œuvre dans l’odieux, et ça aurait pu être un bon film d’horreur, ou de Fassbinder. Mais quand Gigi, après le parricide, enlaçant sa chérie qui l’avait quitté, conclut : «Non è finito» – l’explicite jusqu’au boutiste de Familia nous saute à la gueule. Ce n’est pas fini. Il la frappera aussi.