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Sur Prime Video

«Ferrari» de Michael Mann, on est bien pneu de choses

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Malgré la maestria de son réalisateur, le biopic consacré au fondateur de la marque au cheval est insaisissable et prend parfois des airs de télénovela chic.
Selon la rumeur, Adam Driver a été choisi pour le rôle car Michael Mann adore les aptonymes. (Lorenzo Sisti. Amazon Prime Video)
publié le 8 mars 2024 à 17h21

«On ne sort plus les films, on les rentre, comme au garage.» Avec son sens de la formule, Leos Carax résumait dans Libération le nouveau modèle de l’exploitation des films en ligne et, de fait, le vieux projet longtemps mûri de Michael Mann d’un film sur Enzo Ferrari et ses bolides (déjà au milieu des années 90 avec un scénario coécrit avec Sydney Pollack). Ledit projet laissé en plan, puis réinventé à partir du script du scénariste Troy Kennedy-Martin décédé en 2009, arrive non en salle mais sur les rayonnages objectivement fourre-tout de Prime Video.

Le cinéaste a eu du mal à se remettre de l’échec de son Hacker en 2015, et il n’avait plus tourné depuis huit ans à l’exception en 2022 du pilote de la série Tokyo Vice (diffusée en France sur Canal +). De facture très différente de toute sa grande période numérique entamée avec Collateral, nettement plus banal a priori dans la gestion des personnages, du récit, d’un certain pittoresque professionnel (le glamour viriloïde et gominé des courses automobile) et géographique (une Italie de carte postale avec des acteurs parlant anglais avec un faux accent d’italianité de pacotille), Mann abandonne ici sa capacité à faire passer du vide, des reflets, du temps suspendu – un sens comme rendu élastique à force d’être étiré d’une stase mélancolique à l’autre – po