Pendant quelques jours à la fin de chaque été, Fillols, comme d’autres villages d’Occitanie, se métamorphose. La vie quotidienne s’interrompt le temps d’honorer la tradition de la «festa major». Fillols n’est alors plus que «F.», comme le nomme un carton au début de Festa major, foyer mystérieux d’une fête ancestrale, où les habitants, gagnés par un esprit de troupe centenaire, entament une célébration en grande pompe. Jean-Baptiste Alazard, lui-même originaire de la bourgade des Pyrénées-Orientales, se joint, caméra à la main, à ces quelques jours de bringue hors du temps où les DJ set techno se mêlent aux soirées endimanchées rappelant le bon vieux temps : on rit, on danse, on enfile des costumes pour d’étonnantes parades dans une vaste ronde en forme d’exutoire.
Durant un pique-nique, une participante déplore l’abandon d’une de ces curieuses pratiques : le «lâchage», sorte de thérapie de groupe durant laquelle un quidam livre ce qu’il a sur le cœur à une foule à la fois attentive et suffisamment avinée pour ne pas s’en souvenir bien longtemps. La description de ce rituel évoque quelque chose de la forme du film, composé d’un pot-pourri d’images attrapées à la volée, bribes d’accolades, de cérémonies surannées et de lucidité post-beuverie, qui se succèdent pendant un peu plus d’une heure.