L’amour ouf, c’est du cinéma. Ce genre d’amour qui faisait rêver autrefois, toxique, normatif, qui nous endoctrinait via les films, nous endoctrine encore, au moment de nous projeter dans la vie à deux, la passion, le mariage et tutti quanti. Un amour coupable – de nous aliéner, puis nous voler notre liberté. Gilles Lellouche a l’air d’y croire très fort dans l’Amour ouf mais on n’ira pas lui chercher des poux idéologiques : c’est parce qu’il adore le cinéma. Qu’il l’aime comme un ouf. Et l’Amour ouf, son deuxième long métrage en tant que cinéaste, est moins un film sur des amoureux que sur des amoureux de cinéma. Pas ceux de l’Amour fou de Rivette ni de celui de Breton – le film n’y fait pas référence du tout, mais reprend tel quel le titre de la version française de Jackie Loves Johnser OK ? de l’Irlandais Neville Thompson, le roman qui a servi à Lellouche, Ahmed Hamidi et Audrey Diwan de trame pour le scénario qu’ils ont coécrit. Mais les amoureux contraints qui peinent à la marge des thrillers et autres films de mafia américains, les soupirants déraisonnables mis à l’épreuve par leur condition de True Romance ou Sailor et Lula, qui entraînent le monde entier dans leur coup de foudre jusqu’à faire se courber le réel sous la force de leur désir. Qui font délirer des films entiers devant nos yeux, au rythme et aux couleurs de leur passion.
Coups dans la gueule
Les «oufs» de Lellouche sont Jackie et Clotaire, qui s’énamourent au lycée, et vont tiss