Ben Whishaw, d’un pas calme et assuré, revient de la piscine au bord de laquelle il vient de se faire photographier. On lui tend la main, et on reçoit en retour la poignée la plus remarquablement exécutée qu’on ait jamais vécue : le dos très droit, le haut du corps s’incline légèrement au moment où la main exerce la pression, la tête se penche sur le côté, jambes serrées, petite saccade, relevé de buste, regard droit dans les yeux, et attention, top sourire. Sympathie sans fausse connivence, élégance légèrement guindée mais pas intimidante – une leçon de diplomatie européenne, contenue dans un simple geste. Les treize minutes d’entretien avec Ben Whishaw seront à l’avenant et il faudra se concentrer très fort pour ne pas succomber à la fascination de toutes ces belles manières qu’a l’acteur britannique, qui répond aux questions comme s’il interprétait un texte, expressif jusque dans la moindre de ses prépositions. Et irréprochable dans sa prononciation du nom de «Limonov», unique résidu de l’accent russe dont il s’est paré pour incarner l’écrivain dans le film de Kirill Serebrennikov adapté du roman d’Emmanuel Carrère.
Aspect clownesque
Pendant près de trois heures, le sulfureux per