Qui donc, aujourd’hui, pour sauver l’honneur des pères ? Ces pères défaillants, écrasants, négligents ou violents dont on n’a pas fini d’examiner les torts ? Qui d’autre que Barry Keoghan, sa mine satisfaite, ses courbes replètes, moulé dans un costume trois-pièces bleu vif, s’égosillant sur Lucky Man de The Verve le jour de son mariage ? A lui la reconnaissance et les torrents de larmes que la Britannique Andrea Arnold parvient toujours à nous faire couler, quand bien même on s’en défendrait, avec sa manière bien à elle de cueillir à vif les sentiments et la violence.
Pour la quatrième fois en compétition à Cannes après avoir obtenu trois prix du Jury lors de ses précédents passages (Red Road en 2006, Fish Tank en 2009 et American Honey en 2016) Andrea Arnold est de retour avec Bird (oiseau), trois ans après Cow (vache, décidément), et ce film-ci pourrait être un condensé de tous ces films-là. Mêlant le réalisme social qui a fait sa réputation et l’attachement minutieux à tout ce qui vit, fût-ce inframince, il déclare dans un même mouvement que les hommes sont des salauds, car la vie est si âpre pour certains, mais que