Eat the Night, on ne l’aurait pas cru, nous a dévoré le cœur. Caroline Poggi et Jonathan Vinel étaient connus pour des courts et un long qui travaillaient plutôt la surface que les personnages, l’idéologique et le plastique, plutôt que le passionnel. Leur hit épochal, Tant qu’il nous reste des fusils à pompe, on l’avait trouvé proto-faf. Faut-il le revoir à l’aune de ce deuxième long, présenté à la Quinzaine ? Ou bien ce sont elleux qui ont bougé, explorant d’autres dimensions que le monde en 2 à 3D ? Le trio de personnages d’Eat the Night – Apo (Lila Gueneau) qui voit son frère Pablo (Théo Cholbi) tomber fou amoureux de Night (Erwan Kepoa Falé), rencontré, un jour de bagarre, sur un parking d’hypermarché – est complètement ravageur, d’avoir conquis avec panache le terrain de l’empathie, loin de leur être donné au départ, et qui semble contagieux, pour cinéastes et spectateurs. Liberté.
Mélodrame gothique
Quoi de plus beau qu’un film où les héros semblent exister d’eux-mêmes, agir selon une logique propre, joueurs ingouvernables par les manettes du scénario ou du film ? Vers leur destin, fût-il funeste. Mon amour, si ça finit mal, ça en valait quand même la peine. Faux film de mafia, de banlieue, de trafic, faux film noir et faux film cool, vrai mélodrame gothique, Eat the Night absorbe tous les genres dans l’œil de son regard-cyclone, son trou <