Megalopolis est tout et rien. Megalopolis est partout et nulle part. Megalopolis est une tentative de monument et un ratage inconcevable. Megalopolis nous a plongés dans un état de confusion indescriptible. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ebauche de réponse en sept hypothèses.
Viens dans ma grotte
L’adjectif «grotesque» provient d’un mot italien de la Renaissance, adopté par Giorgio Vasari et ses collègues Raphaël et Michel-Ange pour qualifier de stupéfiantes peintures découvertes dans une grotte au sommet d’une des sept collines de Rome, l’Esquilin. En réalité la grotte n’en était pas une, mais une ouverture donnant accès, quinze siècles après son ensevelissement et son oubli par le peuple romain, à la partie haute du gigantesque palais impérial de Néron. Les «grotesques» sont les peintures ornementales qui couvraient les murs de ses galeries et coupoles, la mutation du terme s’expliquant par la bizarrerie, aux yeux ébahis des peintres de la Renaissance, de leurs motifs fantaisistes hybridant architecture, animaux, végétaux et chimères. Par la manière dont il enchevêtre les formes et les images, dont il se réclame d’une hardiesse artistique perdue, mais aussi dont il nous défie, et avec nous le cinéma, de ne pas céder – nerveusement – face à son excès terminal de ridicule amphigourique, Megalopolis est grotesque, au sens littéral du terme. Comme si le dernier film – en date, il en promet au moins un autre – du vieil ogre du Nouvel Hollywood était le dernier v