Il y a peu, Hernan Rosselli partageait sur ses réseaux sociaux un message alarmant sur les coupes drastiques dans le financement du cinéma en Argentine, depuis l’élection de Javier Milei. Assis sur la plage de la Quinzaine des cinéastes, le cinéaste nous le dit très ouvertement : sans cette sélection à Cannes, qui a permis d’attirer in extremis des producteurs espagnols et portugais, il ne sait pas s’il aurait pu finir son film. «En ce moment même, nous sommes en état d’alerte maximale. L’Incaa [équivalent argentin du CNC, ndlr] est paralysé et toute l’industrie est au point mort cette année. Le gouvernement a bien compris qu’une certaine idéologie de gauche sous-tendait beaucoup de la production culturelle du pays, alors ils ont tout simplement coupé les robinets. Ce qui se passe est ni plus ni moins qu’une guerre culturelle.»
«Cinéaste amateur»
Il se dit contrarié de parler «si mal anglais», bouillonne de choses à dire, mais s’ils sortent au compte-gouttes, barrière linguistique oblige, ses mots sont mûrement réfléchis et d’une violente précision. Passé par l’école publique de cinéma Enerc où il étudie le montage au tout début des années 2000, il se lance dans la réalisation dix ans plus tard après avoir mis suffisamment d’argent de côté en bossant notamment dans la pub ; son premier long, Mauro, sort en 2014, tourné entre potes avec des appareils photos numériques, un budget riquiqui et un thème central, l’argent, ou plutôt son manque, qui se retrouve aujourd’hui