Y aura-t-il pire destin pour un personnage cette année à Cannes que de se retrouver dans un film de Magnus von Horn ? La Jeune Femme à l’aiguille s’acharne sur la pauvre Karoline (Victoria Carmen Sonne) avec un sadisme gourmand. Son visage déformé par les grands-angles et le noir et blanc de contrefaçon estampillé «Copenhague 1918», ses viscères malmenés par une tentative d’avortement dans un bain public (cf. le titre, à tricoter) ne sont que le début de ses peines. Larguée et virée de son usine par son patron et amant, poursuivie par son mari revenu gueule cassée de la grande guerre, elle sera recueillie par une serial infanticide accro à l’éther avant de terminer dans un cirque ambulant.
Interminable patchwork du pire
Dès le premier larsen entendu avant le générique, les premiers morphings de visages malaxés en surimpression sur fond sonore de corne de brume horrifico-numérique, la question nous taraude : qui diable a décidé de faire rendre son petit-déj à Greta Gerwig dès le premier matin de la compétition ? Car oui, le film a passé les différentes étapes menant à une inexorable sélection sans que personne n’interroge la finalité de cet interminable patchwork du pire, qui semble jouir tout seul de ses supposées transgressions gratuites sans jamais produire en nous autre chose que de l’agacement. Débranchez-nous tout de suite l’IA malfaisante qui a cauchemardé ce calvaire en costumes. Elle doit tourner à vide quelque part dans les sous-sols du cinéma d’auteur européen.