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Libération
Semaine de la critique

Festival de Cannes 2024 : «Les Fantômes» de Jonathan Millet, bourreau des légendes

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Présenté à la Semaine de la critique, le premier long du cinéaste français est un thriller réussi, inspiré des histoires vraies de Syriens en exil devenus détectives amateurs pour pister des anciens tortionnaires du régime de Bachar al-Assad.
Hamid, joué par l’intense acteur franco-tunisien Adam Bessa, est un réfugié syrien venu d’Alep. ( Films Grand Huit)
publié le 15 mai 2024 à 18h04

Les Fantômes est bien un thriller, un film d’espionnage haletant (ou autre adjectif de l’ordre du tensiomètre), et il a raison de l’être. C’est qu’il ne semble pas avoir choisi ce registre par pur goût du genre, pour le kif du style et du code, ou pas seulement, mais pour des raisons qui viennent de la réalité. D’une part, son personnage, Hamid, joué par l’intense acteur franco-tunisien Adam Bessa, est un réfugié syrien, venu d’Alep, passé par l’Allemagne, demandant asile en France – un pays où toute vie d’exilé, forcée de (se) dissimuler des détails de son passé, est en elle-même un thriller d’espionnage, sur fond de chasse à l’homme étatisée. Ici les conditions historiques, hostiles, donnent de la matière aux formes du genre. Mais d’autre part, et surtout, ce premier long métrage de Jonathan Millet (un Français ayant vécu à Alep) s’inspire des histoires épiques et réelles des groupes de Syriens en exil qui, après la répression de la révolution, et pendant la guerre, ont patiemment traqué certains tortionnaires du régime d’Al-Assad installés, sous de fausses identités, en dehors du pays.

Rebondissements

Le film jouant sur le côté énigmatique du personnage et de la situation, on prendra