«L’Amérique a cette habitude, historiquement, de résoudre ses problèmes de la manière dont elle les a créés. Soit, souvent, par la guerre», déclarait Roberto Minervini dans Libé en 2015 pour la sortie de son stupéfiant documentaire The Other Side, plongée dans le milieu des toxicomanes et marginaux en Louisiane. Italien de naissance mais ayant signé une «trilogie texane» où il s’est employé à pulvériser les frontières entre fiction et documentaire, Minervini réalise avec les Damnés son premier long métrage historique et en costume. On y suit un groupe de soldats de l’Union en 1862 errant comme des éclaireurs ou des âmes en peine dans les paysages du Montana. Ils finiront bien par devoir se servir de leurs armes quand soudain, après des heures à contempler le vide de journées sans relief, ils se trouvent exposés aux tirs nourris de l’ennemi invisible. Ce sera la seule séquence d’action d’un film qui se consacre à nous faire toucher au plus près l’expérience d’une pérégrination maussade dans un espace à défendre, mais dont les contours se perdent peu à peu tout comme l’énergie première qui sans doute a poussé ces hommes vers l’uniforme et le combat.
Bourrasque de violence
Quand le film commence et jusqu’au bout, il témoignera au contraire non d’une tension vers la victoire, mais d’un épuisement par l’épreuve continue