Menu
Libération
Un certain regard

Festival de Cannes 2024 : Roberto Minervini, ces «Damnés»-là

Article réservé aux abonnés
Le premier long métrage historique du cinéaste suit au plus près les pérégrinations d’une troupe de soldats de l’Union en 1862 dans les paysages du Montana. Un film beau et rêche à contre-courant des mythologies fondatrices de l’Amérique.
Le film est entièrement occupé par des séries de pérégrinations à pied ou à cheval. (Les Films du Losange)
publié le 16 mai 2024 à 19h47

«L’Amérique a cette habitude, historiquement, de résoudre ses problèmes de la manière dont elle les a créés. Soit, souvent, par la guerre», déclarait Roberto Minervini dans Libé en 2015 pour la sortie de son stupéfiant documentaire The Other Side, plongée dans le milieu des toxicomanes et marginaux en Louisiane. Italien de naissance mais ayant signé une «trilogie texane» où il s’est employé à pulvériser les frontières entre fiction et documentaire, Minervini réalise avec les Damnés son premier long métrage historique et en costume. On y suit un groupe de soldats de l’Union en 1862 errant comme des éclaireurs ou des âmes en peine dans les paysages du Montana. Ils finiront bien par devoir se servir de leurs armes quand soudain, après des heures à contempler le vide de journées sans relief, ils se trouvent exposés aux tirs nourris de l’ennemi invisible. Ce sera la seule séquence d’action d’un film qui se consacre à nous faire toucher au plus près l’expérience d’une pérégrination maussade dans un espace à défendre, mais dont les contours se perdent peu à peu tout comme l’énergie première qui sans doute a poussé ces hommes vers l’uniforme et le combat.

Bourrasque de violence

Quand le film commence et jusqu’au bout, il témoignera au contraire non d’une tension vers la victoire, mais d’un épuisement par l’épreuve continue