La dernière ligne droite et paf, le coup de la panne. Samedi sur la Croisette, on croisait des équipes de films à cran, privées de réseau et que personne ne pouvait joindre pour leur dire si oui ou non elles seraient au palmarès, des spectateurs déchaînés d’être dérangés en plein film, des journalistes débarquant en panique dans les salles de presse d’un Palais alimenté par un groupe électrogène géant comme un phare dans le black-out... Mais malgré le chaos relatif, show must go on, et la cérémonie de clôture du 78e Festival de Cannes est sur les rails comme prévu.
Les heureux élus consacrés par le jury présidé par Juliette Binoche sont :
Palme d’or
Un simple accident de Jafar Panahi
Critique sans détour. Dans son nouveau film tourné à sa sortie de prison, l‘Iranien, figure éminente de la dissidence, raconte la relation entre une victime et son bourreau, lors d’une virée en van. Un règlement de comptes sans détour avec le régime. Lire notre critique et l’interview du cinéaste
Grand Prix
Valeur sentimentale de Joachim Trier
Home fuite home. Le film virtuose du réalisateur norvégien sur le retour d’un cinéaste absent dans la vie de ses filles adultes, est son plus formidable long métrage à ce jour. Notre critique
Prix d’interprétation féminine
Nadia Melliti dans la Petite Dernière d’Hafsia Herzi
Un cœur tout meuf. La révélation Nadia Melliti, bouleverse dans l’adaptation du roman éponyme de Fatima Daas, le lumineux film d’Hafsia Herzi suivant l‘émancipation d’une jeune musulmane lesbienne. Notre critique
Prix de la mise en scène
L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho
Carnaval de brio. Virtuose, le thriller du cinéaste brésilien sur un universitaire poursuivi par la dictature brésilienne dans les années 70 est très politique, brutal et joyeux. Notre critique
Prix du jury ex æquo
Sirat d’Oliver Laxe
La fête infinie. Le cinéaste espagnol plonge un père et son jeune fils au cœur d’une free party au beau milieu des sables, dans un périple tripant à la recherche de sa fille disparue. Notre critique
Sound of Falling de Mascha Schilinski
Le rude des foins. Du début du XXe siècle à nos jours, l‘Allemande Mascha Schilinski imagine les existences lamentables de quatre filles vivant dans une ferme. Notre critique
Prix du scénario
Jeunes Mères des frères Dardenne
Le cœur et les poupons. Suivant des ados recueillies dans un centre pour mères en difficulté, les cinéastes belges signent un film inégal mais émouvant. Notre critique
Prix d’interprétation masculine
Wagner Moura dans l‘Agent secret de Kleber Mendonça Filho
Devenu ami pendant l‘ère Bolsonaro avec Kleber Mendonça Filho, qui lui donne le premier rôle de l‘Agent secret présenté au Festival, l‘acteur brésilien est d’une rare spontanéité. Lire son portrait
Prix spécial
Résurrection de Bi Gan
Fête de beaux rêves. Monstre sous opium, femme-vampire… Le cinéaste chinois raconte l‘errance d’un homme à travers un siècle de songes, dans une société où plus personne ne sait rêver. Renversant. Notre critique
Caméra d’or
The President’s Cake d’Hasan Hadi
Rite de glaçage. Une fillette doit confectionner un gâteau pour l‘anniversaire Saddam Hussein dans le film de l‘Américano-Irakien Hasan Hadi, qui vaut surtout pour sa représentation d’un culte de la personnalité dément. Notre critique
Mention spéciale de la Caméra d’or
My Father‘s Shadow d’Akinola Davies
Inspiré de stupéfaits réels. Escapade de deux gamins et leur père à Lagos violemment interrompue par le coup d’Etat de 1993, le très beau film du Nigérian Akinola Davies subjugue. Lire notre critique et le portrait du réalisateur
Palme d’or du court métrage
I’m Glad You’re Dead Now de Tawfeek Barhom
Et aussi
Un certain regard
Le Mystérieux Regard du flamant rose de Diego Céspedes
Queer Palm
«La Petite Dernière» d’Hafsia Herzi
Un cœur tout meuf. Adaptation du roman éponyme de Fatima Daas, le lumineux film de Hafsia Herzi, porté par la révélation Nadia Melliti, bouleverse en suivant l‘émancipation d’une jeune musulmane lesbienne. Notre critique
Œil d’or
«Imago» de Déni Oumar Pitsaev (Semaine de la critique)
Entre tradition et paternité. A la frontière entre docu et autofiction, le film de Déni Oumar Pitsaev sonde la communauté tchétchène exilée en Géorgie et la relation du cinéaste à son père. Notre critique