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Drame

Festival de Cannes : «Goodbye Julia», orgueil et préjudices

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De facture classique, le film de Mohamed Kordofani observe avec sensibilité la relation d’entraide ambiguë qui se noue entre deux femmes dans le Soudan en crise de 2005.

Mohamed Kordofani imagine la rencontre de deux femmes de religions et milieux différents. (mad solutions)
ParDidier Péron
Rédacteur en chef adjoint - Culture
Publié le 22/05/2023 à 22h12

On ne peut pas regarder Goodbye Julia sans avoir constamment à l’esprit les derniers épisodes de folie entropique qui secouent le Soudan, d’autant que cette fiction raconte une histoire directement inspirée par les événements de 2005 après la mort du leader des chrétiens du Sud, John Garang, dans un accident d’hélicoptère quelques mois après la signature historique d’un accord de paix mettant fin à plus de vingt ans de guerre civile. Aujourd’hui, le pays est plus que jamais plongé dans le chaos depuis que les généraux Al-Burhane et Hemetti sont entrés en lutte pour le pouvoir.

Le film de Mohamed Kordofani imagine la rencontre de deux femmes : Mona (Eiman Yousif), issue de la classe sociale favorisée, de religion musulmane, et Julia (Siran Riak), chrétienne venue d’une ville du sud. Un enchaînement de circonstances a conduit le mari de Mona à tirer sur celui de Julia et à le tuer. Sa proximité avec le pouvoir lui permet de passer le crime sous silence mais la culpabilité ronge Mona qui embauche Julia comme domestique et invite la veuve et son fils à s’installer dans un appentis de son jardin. Ignorant qu’elle sert le couple responsable de son veuvage précoce, Julia profite des largesses qui lui sont faites – elle peut notamment financer une école privée pour son fils et reprendre elle-même ses études