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Libération
Journal de bord

Festival de Cannes, jour 10 : Scarlett Johansson et Stellan Skarsgard sont Huppert motivés (nous aussi)

Aujourd’hui, un excellent Joachim Trier, un docu égyptien et des bébés qui bossent.
Scarlett Johansson pendant le photocall de son premier film, «Eleanor the Great», mercredi 21 mai. (Stephane Mahe/REUTERS)
publié le 22 mai 2025 à 20h19

Le plus sexy des Skarsgard, le patriarche Stellan, 73 ans, est arrivé sur la Croisette. Il joue le réalisateur du film de Joachim Trier, Valeur sentimentale. On raconte qu’il tapait la discute au Nespresso Café du Palais avec June Squibb, 95 ans, qui lui aurait glissé, entre deux gorgées de sa flasque de whisky, «je pourrais être votre mère». Oldies but goodies, c’est bien connu, bien que l’ambiance du tapis rouge et des shooting photo est plutôt forever young. La direction de Libé nous a formellement interdit l’accès aux soins des spas de palace dont la promesse de nous repulper l’épiderme de 47% en moins d’une heure avec toutes sortes d’appareils dont on s’étonne qu’ils aient passé la douane relevait pourtant clairement de l’impératif professionnel. Pff…

Les frères Dardenne, Jean-Pierre (74 ans) et Luc (71), toujours fringants (eux !) déboulent sur Cannes dans l’espoir de décrocher une troisième palme d’or (après Rosetta et l’Enfant). Pour Jeunes Mères, le duo belge a dû gérer un plateau rempli de poupons dans tous les sens. On a eu envie de savoir comment ça se passe un casting en couches-culottes et babygro et un tournage avec la table régie remplie de biberons. Vous saurez tout en descendant dans notre séquence «En direct».

Les films du jour

On adore

Valeur sentimentale de Joachim Trier. En compétition. Le film virtuose du Norvégien, sur le retour d’un cinéaste absent dans la vie de ses filles adultes, est son plus formidable long métrage à ce jour. «Valeur sentimentale», home fuite home

On aime

La Vie après Siham de Namir Abdel Messeeh. Acid. Mêlant archives familiales, moments capturés sur le vif et extraits de films, le documentaire de l’Egyptien Namir Abdel Messeeh honore un serment fait à sa mère avant sa mort. «La Vie après Siham», la promesse est dite

Woman and Child de Saeed Roustayi. En compétition. Décrié pour avoir tourné dans le respect des règles de la république islamique iranienne, le cinéaste, passé par la prison en 2023, mène en réalité un subtil et violent réquisitoire contre le régime. «Woman and Child», l’Iran à bâtons corrompus

Planètes de Momoko Seto. Semaine de la critique. Dans sa fascinante expérience plastique, la réalisatrice du CNRS Momoko Seto suit l’épopée de grains de pissenlit rescapés d’une explosion nucléaire. «Planètes», un film d’animation en expédition pollen

On y repense

Yes de Nadav Lapid. Quinzaine des cinéastes. Dans un long métrage épuisant et courageux, le cinéaste israélien produit en temps réel la satire féroce d’un pays ivre de vengeance. «Yes», la charge survoltée de Nadav Lapid contre la société israélienne

Portrait cannois

Scarlett Johansson. La star américaine, qui bascule pour la première fois du côté de la réalisation, avec Eleanor the Great, déroule à Cannes une conversation où rien de dépasse. Flegme royal.

En direct

Des ados critiques. Les mots Godard, Cahiers du cinéma et effet Koulechov seront prononcés, mais pas de panique, on est surtout là pour travailler avec sa subjectivité, sa sensibilité. Toute la semaine, dans le cadre d’un partenariat avec la Semaine de la critique, dix élèves venus du Mans et dix autres de Lütjenburg, en Allemagne, courent les projos et se mettent dans la peau de critiques ciné. Verdict : «C’est un métier difficile, il faut voir tous ces films…»

Des bébés acteurs. Jeunes mères, des frères Dardenne, en compétition officielle, suit cinq (très) jeunes mères hébergées au sein d’une maison maternelle de Liège. Logiquement, les nourrissons y sont de quasi tous les plans. Ce qui implique une logistique très complexe : au générique du film, on trouve pas moins de 33 bébés pour les cinq rôles. Plongée dans le monde quelque peu vertigineux des bébés sur les tournages.

Projo privée

Isabelle Huppert : «J’aimerais mieux qu’on ne fasse pas de film sur ma vie»

Venue à Cannes pour présenter la Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa, dans lequel elle joue un personnage très fortement inspiré par Liliane Bettencourt, l’actrice s’est prêtée à l’exercice du questionnaire cinéphile de Libé.

Point critique, le quiz

Le jeu est simple : on vous donne un extrait d’une critique ciné parue dans Libération à l’époque, à vous de retrouver de quel film il s’agit !

«Ce film documentaire qui suit l’année scolaire d’une classe de 4e est une fiction […]. Il abat les cloisons, ouvre les fenêtres, fait circuler le courant d’air de l’intelligence, donc des doutes, allume la flamme du cinéma, qui mérite ici qu’on l’appelle cinématographe.»

Et demain ?

Au taquet sur son palmarès idéal (à lire vendredi) autant que sa playlist des meilleures chansons du Festival, le Libé Cannes crew ne manquera pas une miette de la dernière salve de films de cette 78e édition. Notamment les deux derniers films de la compétition officielle, Jeunes Mères des Dardenne, avec une bande de jeunes comédiennes non professionnelles, India Hair et toute une flopée de bébés, et The Mastermind de la grande Kelly Reichardt, sur un braquage dans le monde de l’art dans le Massachusetts des années 1970. A Un certain regard, on découvrira Karavan de la Tchèque Zuzana Kirchnerová. Et s’il nous reste un peu de jus au fond du crâne, on tentera le coup avec la Venue de l’avenir, le nouveau Klapisch, présenté en séance spéciale hors compétition.