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Journal de bord

Festival de Cannes, jour 11 : Mohammad Rasoulof se rebelle, et nous on remballe

Aujourd’hui, la compétition termine en fanfare, sans coups de chaud mais avec un gros coup : la présentation d’une charge très critique envers le régime iranien avec «les Graines du figuier sauvage», en présence du cinéaste exilé. Egalement au menu : notre palmarès rêvé.
Mohammad Rasoulof, sur le marches ce vendredi, montre les photos des acteurs Missagh Zareh et Soheila Golestani, qui n'ont pas pu se rendre à Cannes. (Stephane Mahe/Reuters)
publié le 24 mai 2024 à 20h45

Critiques, portraits, interviews… Suivez jour après jour, toute l’actu du Festival de Cannes avec les envoyés spéciaux de «Libération».

Cannes jour 11. Un tiers des effectifs a égaré ses lunettes et erre à tâtons dans l’hacienda Libé envahie de courants d’air et de choucas depuis que le mistral a fait exploser les vitres. Quelqu’un s’est recroquevillé sous l’escalier et marmonne «miguelgomch» en mâchant des chips molles, quelqu’un d’autre essaie de déchiffrer un jeu de mots griffonné ivre la veille, tandis que fusent des idées de catégories toutes plus débiles les unes que les autres pour notre palmarès perso (à retrouver en toute fin de ce journal de bord).

La seule certitude qui surnage malgré l’altération des corps et des consciences, c’est notre palme d’or personnelle, décernée sans l’ombre d’un doute à Payal Kapadia pour son bouleversant All We Imagine As Light, présenté jeudi soir à 22 heures après une montée des marches qui gratifia l’équipe de l’unique morceau vaguement indien présent dans la playlist du Palais des festivals, le sempiternel Mundian To Bach Ke de l’Anglais Panjabi MC. La cinéaste a eu la politesse de danser dessus, l’air un peu pincé. Post-projo en revanche, les grands tremblements dans sa voix ne pouvaient pas être feints.

Et en songeant à son parcours du combattant pour en arriver à ce moment précis où Cannes applaudit son nom, en songeant à d’autres qui traversent des montagnes à pied pour venir présenter leur film, on se dit qu’on va arrêter de râler juste parce qu’on est fatigués et un peu déçus par ce cru 2024. Que le jury s’aligne sur notre palmarès ou non, il est temps de rentrer à la maison, de briser la monodiète à base de pâtes napolitaines, de se rappeler que le muscadet n’est pas un fruit, et de reprendre une vie normale.

On adore

«All We Imagine as Light» de Payal Kapadia. Première Indienne sélectionnée en compète, la cinéaste nous bouleverse avec son premier long de fiction magnifique et généreux sur un trio de femmes dont les chemins se croisent et se nouent... Et la lumière fuse

Fin de la compète

«Les Graines du figuier sauvage» de Mohammad Rasoulof. Métaphore de la situation de son pays, le film du cinéaste iranien désormais en exil fait monter la parano dans une famille au fil du mouvement de contestation, et mêle à la fiction la violence d’images documentaires. En trois mots, Fable, vie, liberté

On aime bof

«Niki» de Céline Sallette. La cinéaste consacre son premier long métrage au début de carrière de la plasticienne, incarnée par une Charlotte Le Bon convaincante, sans représenter ses œuvres à l’écran. Notre critique : Sculpte de la personnalité

«La Plus Précieuse des marchandises» de Michel Hazanavicius. Le film d’animation sur un couple de bûcherons polonais installé à deux pas d’Auschwitz, se détourne de l’œuvre dont il est adapté pour laisser jaillir l’horreur : un conte défait

On n’aime pas

«Vivre, mourir, renaître» de Gaël Morel. Le film sur un triangle amoureux pris dans l’épidémie de VIH a du mal à nous émouvoir. Notre critique : Travelling de capote

Le portrait du jour

João Pedro Mariano et Ricardo Teodoro. Les deux Brésiliens qui illuminent «Baby» de Marcelo Caetano expliquent comment ils se sont préparés pour leurs rôles hautement sensuels, entre lectures, rencontres et déambulations dans São Paulo. Rencontre avec deux beaux bébés

En direct

George Lucas. Venu sur la Croisette pour recevoir une palme d’or d’honneur, le créateur de Star Wars donnait ce vendredi 24 mai devant un public conquis une masterclass un brin décousue, entre gros sous et nostalgie. A Cannes, tout le monde se palme devant George Lucas

Et demain ?

Et demain c’est fini... enfin pas tout à fait puisque le jury présidé par Greta Gerwig va s’isoler afin d’aboutir à un palmarès qui sera révélé lors de la cérémonie de clôture à 18h45 diffusée sur France Télévisions. En attendant de le suivre sur Libé.fr, et avant un tout dernier journal de bord demain, retrouvez notre palmarès de rêve

PS : l’an dernier, on avait vu juste…