Critiques, portraits, interviews… Suivez jour après jour, toute l’actu du Festival de Cannes avec les envoyés spéciaux de «Libération».
Essoré par la projection Imax de l’autoproduction à 120 millions de dollars de l’octogénaire auteur du Parrain (1, 2, 3) et de quelques autres pas trop mauvais films, le débriefing sur le parking à navettes du Cineum Cannes a tourné au concours de devinettes sur la meilleure titraille de Libé pour cerner le monstre. Morceaux choisis : «Tout le monde déteste la Megalopolis», «Rome conne», «Colisée suspect», «Mousse au Coppola». On aura compris que la tendance n’est pas précisément à l’emballement mais on est aussi très loin de l’indifférence. Sans ressortir la vieille scie du «grand film malade», on s’est lancé plein de concepts et arguments au visage (en essayant de rester poli) et il a même été question d’écrire l’article en latin. En attendant la critique pour cause d’embargo :
On aime beaucoup
«Bird» d’Andrea Arnold, l’oiseau fait son génie. Trois fois prix du jury à Cannes, la cinéaste britannique signe un film émouvant et juste au plus près des corps adolescents, et met un pied dans le fantastique. Notre critique de cette merveille de la compétition
«A son image» de Thierry de Peretti, en chair et en Corse. Dans un film à la mélancolie lumineuse présenté à la Quinzaine des cinéastes, Thierry de Peretti fait le portrait d’une jeune photoreporter à la vie trop étroite, incarnée par Clara-Maria Laredo. Notre critique
On aime
Roberto Minervini, ces «Damnés»-là. Le premier long métrage historique du cinéaste suit au plus près les pérégrinations d’une troupe de soldats de l’Union en 1862 dans les paysages du Montana. Un film beau et rêche à contre-courant des mythologies fondatrices de l’Amérique. Notre critique
Pitié !
«La Jeune Femme à l’aiguille» de Magnus von Horn, horreur d’aiguillage. Le Suédois enchaîne les transgressions gratuites et s’acharne avec sadisme sur son actrice, pendant que le spectateur excédé se demande comment cette atrocité a atterri en compétition. La première grosse déception de nos critiques cannois
Le portrait du jour
Hernán Rosselli, pari à tout prix. Rencontre sous le signe de la barrière de la langue avec le cinéaste argentin, qui a transformé les cassettes familiales d’une amie en un film de gangsters intime. Histoires de famille sur la plage de la Quinzaine des cinéastes et notre critique de «Something Old, Something New, Something Borrowed»
En direct
Avec Saint Laurent Productions, la haute couture investit le cinéma. Un peu plus d’un an après s’être lancée dans la production, la maison de mode, déjà partenaire du Festival de Cannes, se retrouve coproductrice de trois films en compétition, ceux de David Cronenberg, Jacques Audiard et Paolo Sorrentino. Un mélange des genres qui inquiète certains professionnels du secteur. Le marketing du futur ?
Sur le tapis rouge, un message muet... Mercredi 15 mai, alors que Judith Godrèche, actrice et réalisatrice venue présenter son court métrage Moi aussi, foulait le tapis rouge des marches du Festival de Cannes, elle et son équipe, mais aussi Rokhaya Diallo, ont posé leurs mains devant leurs bouches, symbole du silence imposé aux victimes de violences sexuelles. Un geste lourd de sens, alors que l’actrice de 52 ans est devenue une figure de proue du mouvement #MeToo dans le cinéma français depuis sa plainte visant les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour «viol sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité», déposée en février. Judith Godrèche dit avoir reçu, depuis, plusieurs milliers de témoignages de victimes de violences sexuelles via une boîte mail créée à cet effet, auxquels elle dit avoir voulu faire honneur et «redonner un visage». Le geste hommage de Judith Godrèche aux victimes de violences sexuelles
...et une heureuse réapparition. L’actrice belge a foulé les marches du Festival de Cannes mardi 14 mai, un mois après avoir annoncé sa rémission complète du cancer rare dont elle était atteinte. Sur le plateau de C à vous, elle a évoqué un retour «symbolique pour [elle]» et fondu en larmes en revoyant les images de son prix d’interprétation en 1999. En rémission d’un cancer rare, Emilie Dequenne fait son retour au Festival de Cannes
Chassé Croisette
Hugo Bardin, alias Paloma. C’est quoi ton premier souvenir de Cannes ? C’est qui le monstre ou le psychopathe de cinéma dont tu te sens proche ? C’est l’apocalypse now, on fait quoi ? Toutes les réponses, et plus encore, de la drag-queen, gagnante de la première saison de «Drag Race France» et membre du jury de la Queer Palm 2024
Et demain ?
Pour le jour 4 (ressenti 18), pas moins de trois (3) films en compétition officielle : Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde d’Emmanuel Parvu (Roumanie), Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos et celui qu’on attend, Oh Canada ! du vétéran Paul Schrader, assez inspiré dans son troisième âge, avec sa trilogie de movies post-post-modernes explorant la figure du mec tout seul – tout taiseux – revenu de tout (Ethan Hawke dans First Reformed, Oscar Isaac dans The Card Counter et Joel Edgerton dans Master Gardener). Ici, Richard Gere et Jacob Elordi jouent le rôle d’un même documentariste qui dicte son testament de cinéaste, et pourquoi pas, il est peut-être temps.
A la Quinzaine des cinéastes, The Hyperboreans de Cristóbal León et Joaquín Cociña, film chilien mélangeant animation et prises de vues réelles, sur un dandy nazi et latino, nous a l’air bolañesque à souhait.
Et à la Semaine de la critchique, la Mer au loin de Saïd Hamich Benlarbi, qu’on annonce se dérouler dans les boîtes de nuits marseillaises des années 90, fait tarpin envie.