Réuni dans la chambre froide de son hacienda cannoise, au bout du roule, une bassine de pastis dans chaque main, le commando critique de Libération, vient d’attribuer après sept heures vingt de délibérations son palmarès au pouvoir d’influence et /ou de nuisance assez limité, Vincent je-mets-des-films-quand-je-fais-du-sport-Lindon et son orchestre ayant annoncé qu’ils ne liraient pas les pages Culture des quotidiens. Tant pis pour eux et toutes nos félicitations à Albert Serra.
Palme d’or
Pacifiction d’Albert Serra
Ile de la sensation. Laissant Benoît Magimel, haut-commissaire en costard blanc, se débattre dans la moiteur de Tahiti, Albert Serra offre un grand sursaut au Festival de Cannes. Lire notre critique.
Grand prix
EO de Jerzy Skolimowski
En plein dans la mule. Le Polonais Jerzy Skolimowski embrasse le chemin semé de mille embûches d’un âne aux yeux doux, imaginant dans un film à la folle liberté virtuose un cinéma animiste qui ne place plus l’homme au centre. Lire notre critique.
Prix de la mise en scène
Showing Up de Kelly Reichardt
Crème en glaise. Le premier film de Kelly Reichardt en compétition fait le portrait lo-fi de Lizzy, sculptrice solitaire et obsessionnelle. Une réflexion limpide sur l’art et ses rapports avec la vie. Lire notre critique.
Prix du scénario
Les Crimes du futur de David Cronenberg
Bons et boyaux services. Retour à la science-fiction du maître canadien David Cronenberg, qui fouille jusqu’à l’abstraction dans les entrailles de ses personnages. Lire notre critique.
Prix d’interprétation masculine
Pierfrancesco Favino pour Nostalgia de Mario Martone
Amère patrie. Dans le film en forme d’ode à Naples de Mario Martone, l’Italien incarne un expatrié tourmenté qui revient au pays natal. Lire notre critique.
Prix d’interprétation féminine
Nadia Tereszkiewicz pour les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi
Le vent en troupe. Dans le film de Valeria Bruni-Tedeschi, qui reconstitue l’ambiance follement libre du théâtre où elle a débuté en tant qu’actrice, Nadia Tereszkiewicz incarne l’alter ego jeune de la cinéaste. Lire notre critique.
Prix du jury
Leila et ses frères de Saeed Roustayi
Tuer le Perse. Un an après le très réussi la Loi de Téhéran, l’Iranien Saeed Roustayi confirme toute l’étendue de son talent dans une fresque familiale qui tient de Tolstoï et du Parrain. Lire notre critique.
Caméra d’or
El Agua d’Elena Lopez Riera
Río bravo. Dans un premier long magique, Elena López Riera convoque une tradition de son village natal, et fait déborder la force de l’eau autant que celle de l’adolescence. Lire notre critique.
Queer palm
Feu follet de João Pedro Rodrigues
L’art de bien pompier. Le Portugais João Pedro Rodrigues donne un coup de fouet à une Croisette endormie avec un conte drôle, profane et follement sexuel. Lire notre critique.
Prix Un certain regard
Godland de Hlynur Palmason
Touché par la glace. Suivant le chemin d’un prêtre sur les terres vierges de l’Islande du XIXe siècle, Hlynur Palmason signe une ode majeure à la nature et au cinéma. Lire notre critique.