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Libération
Quinzaine des réalisateurs

«Les Années Super 8», la mémoire de film d’Annie Ernaux

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Formé à ­partir d’images familiales, le documentaire est une plongée dans l’image figée d’une époque et d’un milieu, et un regard sur la construction d’une écrivaine.
Annie Ernaux écrivait chez elle en cachette, et s’accrochait à l’idée de publier comme à une bouée pouvant la sauver du marasme. (Les Films Pelleas)
publié le 24 mai 2022 à 20h01

«Saisir les choses», se situer «dans la mémoire d’un présent sans avenir» – ainsi Annie Ernaux élucidait-elle son travail d’écrivaine, lors d’un entretien donné à Libération à la sortie de Mémoire de fille en 2016. La mémoire d’un présent qui n’a pas encore d’avenir, c’est justement ce qu’enregistrent les films de famille, attrapant au vol tout ce qui «n’arrivera pas deux fois», les 10 ans du grand, la première descente à ski du cadet, sitôt vécus sitôt emportés par le vent. C’est ce à quoi Annie Ernaux a décidé de se mesurer, en signant avec son fils David Ernaux-Briot les Années Super 8, film d’une heure présenté à la Quinzaine des réalisateurs – elle à la narration, lui à la réalisation.

«L’équivalent de la voix de l’écriture»

Sur scène, accueillie par de longs applaudissements, Annie Ernaux précise, avant la projection, que le texte qu’elle a écrit et qu’elle lit en voix off pour recouvrir des images tournées par son mari Philippe Ernaux entre 1972 et 1981, appartient au reste de son travail, et se devait d’être «l’équivalent de la voix de l’écriture». A cette différence près que ces images, dont il fallait rendre compte, n’ont pas été réveillées par