Menu
Libération
En compétition à Cannes

«Stars at Noon», moite et moitié

Article réservé aux abonnés
Co-Grand prix avec «Close», le seizième long de Claire Denis, miroitant objet aux influences «eighties», immerge une journaliste américaine paumée dans un Nicaragua bordélique.
Trish (Margaret Qualley) est une tête à claques dans la dèche, drapée dans son américanité. (Curiosa)
publié le 25 mai 2022 à 22h30
(mis à jour le 28 mai 2022 à 22h30)

On vous a entendu soupirer, vous les spectateurs (hommes), pendant les scènes d’amour de Stars at Noon, seizième long-métrage de la cinéaste française Claire Denis, deuxième sélection en compète, inspiré du livre de l’Américain Denis Johnson sur son expérience malheureuse au Nicaragua pendant la révolution sandiniste en 1984. Soupirez encore, jetez-nous une tomate : on le défendra mordicus, cet étrange objet à la sauce eighties, ce remake de l’Année de tous les dangers en Amérique Centrale, mais avec une femme (una mujer ! por fin !) en personnage principal. Jadis ç’aurait été, disons, Peter Coyote, col de chemise crasseux et mèche dégoulinante. Aujourd’hui c’est Margaret Qualley (vue dans Il était une fois… à Hollywood), dégoulinante idem, sexy idem, tête à claques et dans la dèche, qui arpente les rues de la capitale du Nicaragua de 2021 (un décor comme un autre, qui signifie bordel moite) en se drapant de son américanité comme d’un passe-droit qui ne sert à rien, et appelant les barmen Luis, Miguel ou Roberto jusqu’à trouver le bon prénom.

Sans optimisme, sans illusion

Trish («Miss Johnson» pour les intimes) est engluée là, mi-journaliste mi-pute, un peu touchante et très exaspérante, au stade terminal de la sudation et du burn-out lacrymal. Elle aimerait s’échapper de ce cloaque mais n’en trouve pas les moyens, pas même en couchant a