Un film, selon ce qu’en entend Francis Ford Coppola, est une machine de guerre. Un prodige de ressources tout entier au service du désir, de l’invention et de l’engagement d’un artiste, le cinéaste, mais aussi de ses doutes et de ses tergiversations. De son chaos, de son ego. L’image dépeinte par un article du Guardian sur le tournage de Megalopolis publié aux premiers jours du festival de Cannes, où le film, son premier en tant que cinéaste après treize ans d’absence, était présenté en compétition, corrobore entièrement ce credo. L’image d’une gabegie sur laquelle Coppola, qui a autofinancé le film en revendant une partie de ses vignobles à Napa (Californie), régnait en empereur capricieux, consommant des kilogrammes d’herbe et exaspérant ses équipes par ses méthodes jugées anachroniques et ses atermoiements. Ainsi un membre de l’équipe anonyme, désespéré d’attendre la décision du cinéaste à propos du dessin d’un décor, et qui s’est entendu rétorquer : «Comment peux-tu savoir à quoi Megalopolis ressemble quand je l’ignore moi-même ?»
Editorial
Toute ressemblance avec le tournage apocalyptique d’Apocalypse Now, devenu légendaire à la faveur d’Au cœur des ténèbres, fameux documentaire réalisé par sa défunte épouse Eleanor, alimentant la thèse selon laquelle Coppola, après so