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Libération
«Coming of age»

Dans «Girls Will Be Girls», rite de pas sage

L’Indienne Shuchi Talati met en scène l’éveil sensuel d’une lycéenne bridée par sa mère, dans un film trop scolaire.
Preeti Panigrahi en élève modèle d'un pensionnat bourgeois. ( Nour Films)
publié le 20 août 2024 à 17h00

Une jeune fille devient une femme, et cela se saurait si ça pouvait être autre chose qu’un calvaire. C’est ce que filme en substance l’Indienne formée aux Etats-Unis Shuchi Talati, dans son premier long métrage où une lycéenne modèle s’éveille aux émois de son âge dans un pensionnat archistrict pour jeunes privilégiés du nord de l’Inde.

Première de la classe et nommée préfète de l’établissement, Mira, 16 ans, se retrouve en charge de faire régner vertu et discipline auprès de ses camarades, petite lieutenante à la botte de la direction, et donc relais d’une étouffante surveillance des mœurs qu’elle-même ne résiste pas à transgresser avec un garçon plus expérimenté. L’aspect le plus intrigant du film n’est pas à chercher dans les passages obligés de flirt ado rosissant et d’apprivoisement de la sensualité, mais dans la rivalité de séduction qui s’installera bientôt entre Mira et sa propre mère (Kani Kusruti, bientôt à l’affiche de l’étincelant All We Imagine as Light de Payal Kapadia), cette dernière exerçant un contrôle de plus en plus pervers sur l’idylle de sa fille, jusqu’à sembler vouloir garder le boyfriend pour elle. C’est sûr, il y avait là une zone d’ambivalence, une incorrection à explorer sur le désir féminin doublé de l’éternelle complexité de la relation mère-fille.

Rarement en panne d’une scène ou d’un dialogue explicatifs pour brandir ce vœu de subtilité (et de fait, l’anéantissant), Girls Will Be Girls ne parvient pas à casser le moule du coming of age bien sous tous rapports, résultat logique d’une coproduction indo-franco-américano-norvégienne propulsée à Sundance et calibrée pour public international.

Girls Will Be Girls de Shuchi Talati avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, Kesav Binoy Kiron.