Gladiator ? Cinq oscars en 2001, percée en gloire de Ridley Scott dans l’arène des blockbusters du nouveau millénaire, ressuscitant le péplum avec des néo-jouets numériques (à sa suite, Troie, Alexandre, 300… entreront tous dans la brèche). Le semi-inconnu Russell Crowe s’y révélait en montagne de muscles, rugissant sous les bravos d’une foule sanguinaire en même temps qu’il embrochait la viande humaine : «Ne vous êtes-vous pas assez divertis ? !» S’enivrer du marathon de violence tout en mimant sa critique était la truanderie ultime de ce mégasuccès : évidemment, personne ne prétend découvrir en Scott, chauffeur de salle devant l’éternel, un fin moraliste sur la société du spectacle. Vingt-quatre ans plus tard, le programme reste le même, boosté à quelque 310 millions de dollars de budget, et sait fort bien nous prendre pour des débiles légers en remplissant son office.
C’est au tour de l’Irlandais Paul Mescal, doux mignon venu de l’indé (Normal People, Aftersun) de connaître son sacre de bestiau hollywoodien. Général de guerre dans une obscure «cité d’Afrique» au début du film, tombé aux mains de l’armée romaine, le gaillard ne déroge pas à la tradition,