Tours pilonnées ! Ponts détruits ! Villes calcinées ! Combat à mort contre des singes géants ! Combat à mort contre des mites géantes ! Guerre ! Feu ! Vertige ! Apocalypse ! Depuis 1954, le Japon a été 29 fois piétiné, écrasé, concassé, essoré, laminé, réduit en miettes, pulvérisé et frénétiquement dispersé à travers le Pacifique par Godzilla, créature immémoriale mi-gorille mi-baleine, figure tutélaire du kaiju eiga (film de monstres japonais) et au-delà, de la culture populaire mondiale. Un phénomène auquel l’éditeur tokyoïte PIE International (responsable notamment en 2017 d’un formidable volume sur les représentations de l’enfer dans l’art nippon) consacre ce mois-ci le spectaculaire Godzilla : History of Formative Arts 1954-2016. Plus de 500 pages en format à l’italienne revenant sur l’intégralité des films dédiés à la créature – productions japonaises exclusivement, les écarts américains ont été favorablement ignorés, même si Godzilla doit bien plus qu’on ne le croit à Hollywood.
En effet, Akira Watanabe, qui a conçu la créature du tout premier film, s’est ouvertement inspiré du Rhedosaurus créé par Ray Harryhausen dans le Monstre des temps perdus d’Eugène Lourié, auquel il a ajouté des éléments empruntés à l’a