Après les oscars, ce sont les récompenses américaines les plus prestigieuses pour le cinéma – et qui honorent aussi des programmes télévisés. La 81e cérémonie des Golden Globes a consacré le film américain Oppenheimer mais aussi la production française Anatomie d’une chute, récompensée de deux trophées, dans la nuit du dimanche 7 à ce lundi 8 janvier.
Le biopic de Christopher Nolan sur le père de la bombe atomique a reçu cinq prix et raflé toutes les catégories majeures : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Cillian Murphy, qui incarne Robert Oppenheimer, et meilleur second rôle pour Robert Downey Jr, qui prête ses traits à un politicien, grand rival du scientifique. «Une grande histoire sur le dilemme éthique des armes nucléaires. Est-ce que ça a une chance de marcher ? Non», a plaisanté M. Downey Jr. «Sauf si Universal mise tout sur Christopher Nolan pour diriger Cillian Murphy.» De son côté, Christopher Nolan a eu le triomphe modeste. «En tant que réalisateurs, nous réunissons des gens et nous essayons de les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes», a expliqué le créateur d’Inception et d’Interstellar, rendant hommage à ses acteurs.
Barbie, autre favori de la soirée, a en revanche été boudé par le jury. Les votants lui ont préféré Pauvres Créatures, déjà honoré par le lion d’or à la Mostra de Venise, pour le titre de meilleure comédie. Dans la même logique, c’est Emma Stone et son rôle de Frankenstein au féminin dans ce film fantaisiste, qui a été élue meilleure actrice, plutôt que l’interprète de la poupée peroxydée, Margot Robbie.
Lily Gladstone, première amérindienne sacrée
Barbie a également été devancée pour le prix du meilleur scénario par le film français Anatomie d’une chute, qui a doublé la mise en raflant le titre de meilleur film en langue étrangère. De quoi confirmer l’attrait universel de la dernière palme d’or cannoise. Emue, sa réalisatrice Justine Triet a raconté sa surprise de voir son long-métrage, qui raconte le procès d’une écrivaine accusée du meurtre de son mari et dissèque la dégringolade de leur couple, tant apprécié. Pendant l’écriture avec son compagnon Arthur Harari, «nous n’arrêtions pas de nous dire que nous nous amusions beaucoup, mais que personne n’irait voir ce film», a-t-elle expliqué. Selon elle, le long-métrage «traite de la vérité et de l’impossibilité de la cerner».
Ce double succès risque de susciter des regrets en France, car Anatomie d’une chute ne pourra pas prétendre à l’oscar du meilleur film international. Il a été snobé pour représenter l’Hexagone au profit de la Passion de Dodin Bouffant, une romance historique entre deux gastronomes.
Billet
Autre récompense notable, celle de Lily Gladstone, sacrée meilleure actrice dans un film dramatique, pour son rôle d’Amérindienne confrontée à l’avidité capitaliste et à une série de meurtres dans sa tribu, dans la fresque historique de Scorsese Killers of the Flower Moon. «C’est une victoire historique, elle n’appartient pas qu’à moi», a souligné la comédienne, première amérindienne à recevoir un Golden Globe.
Côté télévision, Succession, chronique des luttes de pouvoir au sein d’une famille à la tête d’un empire médiatique, a dominé, avec le prix de la meilleure série dramatique et des récompenses pour ses acteurs Kieran Culkin, Sarah Snook et Matthew Macfadyen. La série The Bear, qui plonge dans l’arrière-cuisine d’un restaurant de Chicago, a, elle, dominé les catégories comédiques. Enfin la production américano-coréenne Acharnés a remporté le prix de la meilleure mini-série.
Une cérémonie qui retrouve son lustre
Entièrement boycottés par le gratin hollywoodien et privés de diffusion télévisée en 2022, puis boudés par plusieurs célébrités l’an dernier, les Golden Globes souhaitaient sortir de leur mauvaise passe. Après des réformes pour répondre aux accusations de racisme et de corruption, l’association de la presse étrangère d’Hollywood (HFPA), qui avait créé ces récompenses et concentrait les accusations de manquements éthiques et d’amateurisme, a été dissoute. La nouvelle organisation a largement diversifié le jury, en invitant des critiques issus du monde entier.
Billet
Des réformes saluées malicieusement par Robert Downey Jr, encore lui. «Aux journalistes des Golden Globes : merci d’avoir changé les règles de votre jeu, et donc votre nom», a lancé le comédien, récompensé pour son second rôle dans Oppenheimer. Leonardo DiCaprio, Martin Scorsese, Oprah Winfrey… Le gratin avait répondu présent cette année, loin du boycott de la cérémonie en 2022. Seule exception notable, l’humoriste Ricky Gervais, qui avait présenté la cérémonie par le passé, était absent malgré sa récompense pour le meilleur spectacle de stand-up.