Séparer l’artiste de la polémique. C’est le vœu pieux du journaliste – français, et admirateur de son œuvre depuis son premier film – à l’heure où Justine Triet remporte deux Golden Globes pour Anatomie d’une chute, l’un pour le meilleur scénario (qu’elle partage avec son collaborateur et compagnon, Arthur Harari), le deuxième honorant le meilleur film de l’année 2023 en langue étrangère. Le désir de la cinéaste aussi, on conjecture, qu’une photographie diffusée via les réseaux sociaux par Neon, distributeur américain du film, montre entamer une flûte de champagne ou de mousseux, en écho évident à celle prise par Martin Colombet pour Libération quelques heures après que Triet a remporté la palme d’or au Festival de Cannes et un discours sur la réforme des retraites et le démantèlement par petites touches de l’exception culturelle et du modèle de financement du cinéma français, dont elle ne savait pas encore le shitstorm qu’il venait de déclencher dans la société française.
Ignorance is bliss, disent les Anglo-Saxons. Las, on ne saurait faire abstraction du sens que revêt cette nouvelle victoire, dans la foulée de celles qui pleuvent sur la tête de Triet et son équipe depuis Cannes, partout où le film est montré et célébré, a